Un extraterrestre est passé.
Avec "Rencontres du troisième type" et "Les aventuriers de l'arche perdue", "E.T. l'extraterrestre" pourrait faire partie d'une époque bênie du cinéma spielbergien, sorte de quintessence d'un cinéma grand public capable d'offrir au spectateur son lot d'émerveillement sans jamais le prendre pour un con. Mis en chantier après l'abandon d'un projet horrifique qui donnera également lieu au mythique "Poltergeist" de Tobe Hooper (dont Spielberg aura une certaine influence), "E.T." est sûrement ce qui se fait de mieux en terme de cinéma familial, quelque part entre l'âge d'or de Disney et les films de Chaplin. D'une maîtrise technique et scénaristique incomparable, prouvant une fois de plus que Spielberg est un immense cinéaste avant d'être un marchand de blockbuster, ménageant à la perfection ses effets, "E.T." parvient également à procurer une vive émotion chez les spectateurs sans jamais tomber dans la niaiserie. On pourrait parler de naïveté mais ce serait mal connaître un cinéaste qui a tout de même traumatisé toute une génération avec un simple gros poisson, et qui profite du cadre du film de studio pour déballer ses obsessions. Narrant son film à hauteur d'enfant, filmant les adultes (hormis la mère et un scientifique) comme une menace sous-jacente, Spielberg y glisse une vision pleine d'amertume et toute personnelle de l'enfance, où un enfant trouvera en un être venu d'ailleurs un substitut à l'absence du père. Toute l'émotion du film est là, dans les rapports d'abord complices, puis fusionnels, entre Eliott (le jeune Henry Thomas, à fleur de peau) et E.T., absolument bouleversants. Portée par la superbe partition de John Williams et le savoir-faire incroyable de Carlo Rambaldi (E.T. est la créature la plus vivante et la plus attachante de toute l'histoire du cinéma) "E.T. l'extraterrestre" est pour moi une oeuvre précieuse et importante, capable de vous compresser le coeur (la mère découvrant pour la première fois un E.T. agonisant, déchirant) tout en offrant des moments de purs bonheur (la poursuite en vélo), jusqu'à un final inoubliable. "E.T." est le film d'un grand enfant refusant de grandir car témoin de la cruauté du monde des adultes. "E.T." est le film d'un magicien qui a embelli mon enfance. "E.T." est synonyme pour moi de beauté et d'innocence, un ami qui ne vous fera jamais le moindre mal et qui sera toujours présent.