Une fois n'est pas coutume. Voici un texte qui, de par son existence même, constitue un incontestable paradoxe. Tout simplement parce que sa raison d'être est avant tout de dire... qu'on a justement écrit beaucoup trop sur ce film !
Mais, en fait, le paradoxe en question se justifie. En ce sens que le meilleur conseil que l'on puisse donner à quelqu'un qui n'a pas encore vu ce film phare de la saison cinématographique 82, objet d'une effervescence médiatique phénoménale, est celui-ci : dès l'instant où vous lancez le visionnage, oubliez tout ce que vous avez lu, vu ou entendu sur "E.T." !
Oui, pour en garder un souvenir inoubliable, il faut tout oublier !
Oublier que le film a battu, à l'époque, tous les records d'entrées et de recettes aux U.S.A.
Oublier les savantes explications sur les multiples trucages utilisés pour donner vie à E.T. (ou l'Extra-Terrestre).
Oublier tous les aspects mercantiles : jeux ; autocollants ; poupées ; tee-shirts... Au total, quelque 500 produits différents en vente !
Et même oublier que Steven Spielberg était déjà le metteur en scène de génie à qui l'on devait "Les dents de la mer", "Les Aventuriers de l'Arche perdue" et "Rencontre du troisième type"...
En effet, tout en restant fidèle au genre qu'il affectionne, Spielberg a cette fois adopté une démarche différente. Il ne joue pas à faire naître l'angoisse chez le spectateur, mais au contraire à solliciter sa faculté à s'attendrir. Notamment via l'humour - on rit souvent - chaque fois que l'intrigue prend une tournure dramatique prononcée. Comment ? C'est impossible à préciser ! Car donner ne serait-ce que quelques indications équivaudrait à ôter tout son charme au film.
Tout au plus peut-on dire qu'il peut se résumer avec le titre de l'un des films précédents du réalisateur. "E.T.", c'est une "Rencontre du troisième type". Soit, la concrétisation d'un contact physique entre un terrien et une créature venue de l'espace.
Là, le contact physique est on ne peut plus mis en évidence. particulièrement concret bien que lié à une amitié stupéfiante. Celle qui se cristallise entre un enfant de 10 ans et un extra-terrestre abandonné accidentellement sur la Terre.
Stoooooooooop !
Surtout, ne pas en dire plus !
Laisser la surprise, puis le charme opérer !
Ce qui n'est possible que si on regarde ce film avec des yeux d'enfants. Des yeux qui ne cherchent pas à analyser, mais simplement à enregistrer des images, séquences, donnant tout son sens au mot "merveilleux" ! Au sens où l'entendait aussi Walt Disney, avec lequel Steven Spielberg partage, cela ne fait aucun doute, la même passion pour les histoires et autres contes extraordinaires, dont se nourrit l'imaginaire enfantin. Et quand on le perd, quelle perte !
Et peu importe, finalement, qu'il y ait on non un message à déchiffrer derrière les images. C'est si enthousiasmant de ne voir en "E.T." qu'un conte pour petits ET grands magistralement imaginé et mis en scène. Mais encore faut-il être capable, avoir préservé en soi une qualité spécifiquement enfantine : la naïveté. Indispensable pour partager les émotions d'Elliot (Henry Thomas, vraiment... extra !), le jeune héros. Tant il est évident qu'en ce qui concerne les adultes, Spielberg a voulu réveiller la part d'enfance censée sommeiller en chacun(e).
Et ceux et celles qui l'ont perdue ?
Ils sont bien à plaindre !
Et risquent de sortir déçus, ou moqueurs, du visionnage. Avec l'impression d'avoir fait une mauvaise rencontre !
Pour une 2e chance de ressentir tout ce que le genre Fantastique véhicule ici de magie toute simple, qu'ils me passent un coup de téléphone. A la maison !