Bon, hier j'erre un peu sur la grande toile et je retombe sur le thème d'E.T, par hasard. Et immédiatement, sans que j'arrive à contrôler quoi que ce soit, presque sans que je m'en rende compte, ça me fout les larmes aux yeux. Parce que les bandes originales ne rythment pas que les films, elles rythment aussi nos vies. Cette bande originale là me fait penser à plein de trucs, et le passé semble se jeter sur moi comme une bête à la fois douce et sauvage, monstrueuse et agréable. Alors, je rebobine la piste musicale de ma vie en suivant la partition de John Williams. Je fonce, que dis-je, je suis projeté vers le passé! Et je me souviens. Je me souviens...
Je me souviens de cette séance qui est mon premier souvenir de cinéma dans une salle obscure
Je me souviens de ma mère à coté de moi qui pleure à chaudes larmes au moment de la mort d'E.T.
Je me souviens que je pleure aussi, pour des raisons qui ont sans doute à voir avec ce qui se passe directement à l'écran, mais peut-être aussi parce que pour la première fois, on me laisse entrevoir quelque chose qui me terrifie: que les liens que l'on tisse avec les gens qu'on aime le plus sont destinés à disparaitre un jour où l'autre, et qu'on aura cette sensation de perte irrémédiable, de solitude, et de vide impossible à combler.
Je me souviens du visage de ma mère encore baigné de larmes alors qu'elle rit de joie au moment où E.T revient à la vie.
Je me souviens que moi aussi je ris au milieu de mes sanglots et qu'on ne peut plus distinguer les larmes de joie et les larmes de chagrin! Parce que suis heureux qu'E.T soit de nouveau là, mais aussi parce qu’on me laisse entrevoir qu'aucun lien ne disparaît jamais vraiment et que les gens qu'on aime nous accompagneront à jamais. Ils seront toujours là dans cet endroit secret qui se situe entre le cœur et l'esprit.
Je me souviens que tout le monde pleurait dans le cinéma. Et je me souviens de cette espèce de communion à base de mouchoirs où les larmes de tous se mêlent ensemble.
Je me souviens à quel point le film m'avait secoué.
Je me souviens de l'enfance et ça fait un bien fou et tellement de mal en même temps.
Je me souviens que Spielberg est sans doute responsable de l'éveil chez moi d'une passion qui ne me quittera véritablement jamais. Puis, je me souviens dans le même temps de toutes les promesses de cinéma que je m'étais faites et que je n'ai pas tenues.
Je me souviens de tout ce qui est joyeux et de tout ce qui est triste, inextricablement lié comme les adieux entre E.T et Eliott à la fin du film.
Je me souviens de tout aussi clairement que si je le vivais une seconde fois. Et pourtant, je ne suis même pas sûr que ce soit un vrai souvenir.
Le film sort en 1981, je dois avoir 3 ans, ça me parait étrange d'avoir vu le film si jeune. L'aurais-je vu lors d'une autre sortie au cinéma quelques années plus tard?
Et même si c'est faux, ça n'en est que plus beau, et parfaitement extraordinaire, non?
C'est un peu comme ces vérités cachées au centre de ces mensonges qu'on appelle les histoires ou les contes. C'est un peu comme le cinéma.
NB: J'en profite pour vous conseiller l'excellent épisode de Monsieur Bobine sur le sujet (ici: https://www.youtube.com/watch?v=YoAfAps_-Pg ), puisque je n'ai rien à ajouter à l'analyse, que je partage, il ne me restait que mon expérience, forcément subjective, pour vous parler de ce film.