Nécessaire.

Je préviens : je ne suis ni un végétalien hystérique ni un végétarien embarassant. J'avais déjà brièvement entendu parler de ce documentaire par le passé, ne souhaitant pas m'infliger un spectacle macabre se résumant à 1h35 de souffrance animale; je me suis alors obstiné à éviter le moindre visionnage. Dans le fond, j'étais conscient du message que le film tente d'apporter et je pense que c'est un peu le cas de tout le monde d'ailleurs, mais je ne voulais juste pas me retrouver devant ces images. Pourquoi ? Par honte ? Par dégoût ? Par culpabilité ? Je n'en sais absolument rien mais je pense que c'est un peu pour toutes ces raisons à la fois. Aujourd'hui, une personne m'a conseillé de regarder "Earthlings", ça ne me disait absolument rien. Après quelques recherches ma mémoire était remise à jour, j'ai finalement décidé de le regarder. Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de le faire aujourd'hui, mais quoi qu'il en soit je me suis senti obligé d'écrire un petit billet sur ce "documentaire".

Ce film n'est pas un documentaire à proprement parler. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu'il ne vous apprendra rien. Celui qui découvre la condition animale affreuse par le biais de ce film n'existe pas. Aujourd'hui, l'opinion publique est clairement consciente de cette problématique, de notre rapport homme-animal inégal et inacceptable. Le film ne cherche pas à vous apprendre quoi que ce soit, il souhaite vous confronter à ce que vous savez au plus profond de vous-même, ce que vous cachez ou que vous ne souhaitez pas admettre. Et il le fera de la plus choquante des manières, en vous montrant par le biais d'images très graphiques et insupportables, la façon dont l'homme peut-être capable de traiter l'animal. Tout cela sous plusieurs catégories, passant de l'alimentation à la recherche scientifique. De ce postulat, Earthlings est plus une oeuvre politique voire idéologique que pédagogique.

Les critiques sur le film sont très souvent portées sur ce point. Les détracteurs le traitent comme un outil de propagande, un film manichéen, une oeuvre qui se contenterait d'insulter son spectateur en lui montrant jusqu'où l'immondice humaine peut aller. En bref, quelque chose qui n'apporterait pas énormément au débat et qui se contenterait juste de jeter de l'huile sur le feu. Je pense de mon côté que ce film est un mal nécessaire pour que certaines personnes puissent assembler des images avec des faits et que son format est absolument pertinent. Lorsque les mots ne peuvent décrire avec la précision nécessaire et adéquate certaines situations, les images elles peuvent le faire avec brio. C'est là où le film réussit.

Toutes les images montrées, tout les détails énumérés, tout du film est vrai. Il n' y a aucune affabulation ni de mensonges. Rien que la vérité, aussi atroce et dure à encaisser soit-elle. Nous l'avions toujours su au fond à quel point notre société était malade, et pourtant nous avons toujours essayer d'éviter de trop le reconnaître, faisant comme si nous étions juste les témoins et non pas les acteurs de ces massacres et tortures de masses qui se perpétuent chaque jour. Pourtant dans le fond, nous sommes tous plus ou moins collaborateurs de ce système, notamment par notre consommation de plus en plus excessive de viande. Le seul moyen d'améliorer les choses est d'accepter notre culpabilité dans cette affaire, car c'est un fait qui est indéniable et qu'on ne peut absolument pas contester. C'est de là que ressort toute l'idéologie du film, accepter le rôle que nous avons pu jouer parmi toutes ces horreurs et refuser de continuer à se prêter au spectacle pour qu'un réel changement puisse se mettre en place. Le seul moyen pertinent pour tout cela passe par une remise en cause, remise en cause qui passe par le fait de reconnaître ses erreurs. N'est-ce pas là une conviction totalement honorable de la part du film ?

Alors oui le film est orienté, oui il a parti-pris et il ne s'en cache absolument pas. Mais comment peut-on aborder et étudier une telle thématique sans approuver cette dénonciation ? Les images qui nous sont montrées sont totalement objectives et parlent à elles seules. Les contester serait faire preuve d'un déni total ! N'est-il pas vrai qu'aujourd'hui l'animal est immoralement exploitée par l'homme ? Celui qui me dit le contraire, je lui souhaite d'aller faire un petit tour dans la réalité. Que l'on soit spéciste ou anti-spéciste, on ne peut plus laisser passer ça.

La souffrance, qu'elle soit animale ou humaine, ne doit pas être considérée comme normale. Elle ne doit pas être acceptée. Rien de tout ça ne peut-être toléré. C'est un des grands combats de ce siècle et nous devons tous y prendre part. Ce film joue un rôle important et plus qu'utile dans ce combat : celui d'éveiller les consciences. Une chose que je trouve magnifique. Earthlings m'a ouvert les yeux et c'est pourquoi je lui en suis éternellement reconnaissant. Je lui donne donc la note maximale car je n'ai rien à lui reprocher à part un manque flagrant de visibilité dans la sphère publique.

Regarder Earthlings est donc une expérience traumatisante dont on ressort grandi.

"Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de batailles".
Léon Tolstoï