Pâques, grisaille, rhino, et carte UGC illimitée 2/3

Dimanche. Le soleil a brillé toute la journée. Ça tombe bien, la séance n'est qu'à 22 heures. Les bricks aux légumes sont croustillantes (recette disponible sur demande), j'arrive à motiver mon amoureuse, nous y allons.

Film en 3 temps. Premier temps. Muller est un homme solitaire, silencieux, fermé. Il rencontre Marek, un jeune homme d'Europe de l'Est, Gare du Nord. Ils prennent rapidement rendez vous pour une étreinte tarifée. Sauf que Marek n'arrive pas seul, le lendemain, mais avec sa bande d'amis. Ils font la fête, vident l'appartement, devant Muller, stupéfié, paralysé. Comme la veille (http://www.senscritique.com/film/Tom_a_la_ferme/critique/30989713), on se demande ce qui pousse le personnage à tant de passivité. Aucune tentative de rébellion, ou si peu, fermer sa porte, s'enfuir, appeler les flics. Rien.

Deuxième temps. Marek revient, Muller le laisse entrer (là encore, on s'étonne de son manque de révolte et d'aigreur). Se noue alors entre les deux hommes une relation de Sugar Dady/Baby. Marek se fait entretenir en échange de... d'affection. On voit alors les deux hommes apprendre à se connaître, échanger, devenir amis, et cesser de devenir amants. Une relation presque paternelle, ou fraternelle, commence alors entre eux. Lors de cette partie du film, ma rhino me rattrape. Un petit picotement insupportable dans la gorge. Besoin de tousser, même si je sais que ça ne servira à rien et que ça va saouler toute la salle. Alors je serre les dents, mais c'est dur de se retenir. Je pense à ma grand mère qui passait les nuits à la fenêtre à cause de quintes de toux irrépressibles. On a l'héritage qu'on peut... ça me fait perdre un peu le fil, mais la gorge finit par se calmer...

Troisième temps. Muller entreprend d'aider Marek à devenir indépendant, lâcher sa bande, avoir des papiers, etc... On passe alors au thriller (ou presque), dans un hôtel de banlieue pour immigrés. Et l'on découvre alors que Muller n'est pas aussi passif qu'il le paraissait. Il ne l'est plus en tous cas. Il prend les choses en main, et libère Marek du joug de son chef de bande.

On perçoit alors que sa solitude rendait Muller si passif, si déconnecté. On comprend mieux l'impersonnalité de son appartement (tout droit sorti d'un magazine). On comprend que la rencontre lui a redonné vie, lui a insufflé une capacité de révolte, et de prendre les choses en main. Un film plus positif qu'il n'y paraissait...

Clairement, par rapport à la veille, on monte en régime niveau optimisme.

Et le lendemain... http://www.senscritique.com/film/Apprenti_Gigolo/8818182

ps: pour ceux qui ne connaissent pas Olivier Rabourdin et son impassibilité, un petit coup d'oeil ici vaut le coup: https://www.youtube.com/watch?v=NEYQJEU2CvM
Philippe_Delaco
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le 22 avr. 2014

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Phil Dela

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