Le cinéaste bulgare Kamen Kalev fait ici preuve d'un indéniable talent en nous plongeant, à travers des bribes de vie de son personnage central, dans la réalité contemporaine de ce bout d'Europe bien oublié. C'est tout à la fois sobre et percutant. On y voit des espaces autrefois vivants envahis par des agglomérats d'immeubles grisâtres où il doit être bien difficile de donner sens à sa vie. On y voit des politiciens véreux, faisant leurs choux gras du nationalisme, payer des gens de la pègre pour agresser des voyageurs turcs. Et surtout l'on voit une société où la parole ne semble plus faire sens. Sur les écrans de télévision, les images se succèdent dans leur parfaite incohérence et les hommes, eux, ne trouvent plus leurs mots pour exprimer leur désarroi et leur sentiment de perte dans un monde où tout un chacun se retrouve comme un étranger. L'accompagnement musical est excellent et jamais gratuit, renforçant le sens de ce qui est montré là. Mais l'espoir luit malgré tout dans les yeux de Isil et on veut y croire ...