Je ne voulais pas dédier mon premier commentaire à un grand chef d'oeuvre figurant dans tous les classements des plus grands films de tous les temps, mais démarrer avec un film qui m'a beaucoup surpris dans le bon sens du terme et que je vais tenter de défendre.

Film de Will Gluck que j'avais découvert avec un très faible « Sexe entre amis » qui ne volait pas bien haut dans mon estime, je peux même dire qu'il était condamné d'amblé! Tout le monde sait combien les comédies pour adolescents décérébrés pullulent depuis de nombreuses années aux USA, et combien un nombre infime atteignent une certaine notoriété. Quelqu'un m'a conseillé ce film connaissant mes réticences pour ce style de cinéma. Et je dois dire que j'ai bien fait de regarder ce très bel hommage à ce géant qu'est John Hughes!

En reprenant le postulat de « Breakfast Club » (que je conseille à tous) qui consiste à reprendre le lycée comme réseau à part entière, Gluck décide en plus de ça d'inscrire Easy Girl dans la tradition de John Hughes qui consistait à s'intéresser de très prêt aux états d'âme des personnages et surtout de les comprendre. Mais ce n'est pas simplement un très bel hommage à ce superbe cinéma des années 80, Easy Girl dénonce la société actuelle (avec un superbe déboitage de facebook entre autres que je trouve très finement mené !) en la comparent à celle des années 80.

Ce A, ( Easy A = titre original) que finira par arborer avec fierté Olive, est celui de l'Adultère. Le même que fut condamnée à porter Hester Prynne dans le roman de Nathaniel Hawthorne, « La lettre écarlate », après avoir pêché avec un autre homme que son mari. En une rumeur de coucherie, Olive devient populaire. Elle dira d’ailleurs qu’aujourd’hui être populaire, c’est être supérieur. Et se sentir supérieur implique d’avoir un tableau de chasse plus important que les autres. Jusqu'à passer ici pour une "trainé". Ce qui reste en commun avec les années 80, ce sont les regards et les jugements des personnages entre eux, étant qualifiées de "salope", "catho", "homo"... En revanche ce qui change se sont les personnalités symbolisées par les parents d'Olive qui s'avèrent être sans tabou et décomplexés, ce qui est en parfaite contradiction avec les adolescents à l'image de la meilleure amie d'Olive qui est la parfaite bimbo qui se retrouve à brandir les pancartes avec le groupe des conservateurs!

Will Gluck va clairement faire un immense clin d'oeil aux années 80 en passant de courts extraits de « Gagner ou mourir », « Seize bougies pour Sam » ou… « L’amour ne s’achète pas », qui sont là pour opposer deux jeunesses bien différentes. Là où les ados du « Breakfast club » finissaient par voir et assumer en chacun d’eux les stéréotypes auxquels on les limitait, ceux de Easy Girl cherchent à être définis comme tels avant de rejeter cette forme d’identification. De même, ils préfèreront payer Olive que tenter de la séduire. C’est donc en toute logique que son cœur sera finalement pris par celui qui acceptera son image plutôt que celle qu’il renvoie aux autres, dans un dénouement nostalgique aux allures de revival 80’s.

Alors certains diront que ce final était attendu et patati et patata... et bien oui c'est évident! Mais bien que le film clame de bout en bout son intention de faire comme ses ainés des 80s, il est loin de faire aveu de faiblesse. Sans être un modèle de rythme, Easy A n'ennuie jamais, possède un humour tout en retenu. Les personnages ont une personnalité bien marquée ce qui n'est pas évident lorsqu'on ambitionne de ne donner qu'un seul et unique véritable trait de caractère aux divers adolescents.

Et je tiens à dire que je me suis définitivement réconcilié avec Emma Stone qui est superbe dans ce rôle! Comédie vraiment sympathique, très bel hommage à John Hughes. Une des rarissimes comédies américaines des années 90/2000 à être aussi rafraîchissante. Will Gluck dévoile une très belle palette de couleurs pour mon plus grand bonheur !

Créée

le 4 août 2012

Modifiée

le 5 août 2012

Critique lue 1.7K fois

24 j'aime

1 commentaire

RoroRoro

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

24
1

D'autres avis sur Easy Girl

Easy Girl
HistoriasExtraordina
7

Un teen movie réussi

OVNI de la sélection des Golden Globes avec la nomination d'Emma Stone, Easy A se présente à première vue comme un teen movie classique à la American Pie, sans beaucoup plus d'ambition. C'est à ce...

Par

le 7 févr. 2011

41 j'aime

Easy Girl
VirginiA
7

John Hughes didn't direct my life.

C'est certain. Les teen movies ont changé depuis les années 80. On peut reprocher à ce film de tomber dans la facilité, à les convoquer en permanence pour se donner une crédibilité. (j'ai honte, mais...

le 11 janv. 2011

27 j'aime

4

Easy Girl
RoroRoro
7

Bel hommage au cinéma de John Hughes!

Je ne voulais pas dédier mon premier commentaire à un grand chef d'oeuvre figurant dans tous les classements des plus grands films de tous les temps, mais démarrer avec un film qui m'a beaucoup...

le 4 août 2012

24 j'aime

1

Du même critique

Mister Babadook
RoroRoro
7

Une première de haut vol

Jennifer Kent… inconnue au bataillon. Ayant débutée dans le cinéma au milieu des années 90 en tant qu’actrice dans la série « Fréquence Crime » ou en obtenant de petits rôles comme dans « Babe »,...

le 1 juin 2014

35 j'aime

15

Les Pauvres Gens
RoroRoro
9

"J’écris seulement pour écrire…"

Je ne peux que m’étonner de constater qu’aucun mot n’est ici présent pour parler en bien ou en mal de la première tentative littéraire de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski. Je ne suis de toute...

le 27 mars 2017

27 j'aime

12

Easy Girl
RoroRoro
7

Bel hommage au cinéma de John Hughes!

Je ne voulais pas dédier mon premier commentaire à un grand chef d'oeuvre figurant dans tous les classements des plus grands films de tous les temps, mais démarrer avec un film qui m'a beaucoup...

le 4 août 2012

24 j'aime

1