(Vu au festival Itinérances)
Contrairement à ce que l'affiche - pas très imaginative - voudrait suggérer, "Easy Money" vaut mieux qu'un énième ersatz de Scarface.
Construit comme un film choral, le scénario d'Easy Money va s'employer à enchevêtrer le destin de 3 hommes (JW, Jorge, Mrado), d'origine sociale et éthnique différentes, autour de la même fascination pour le "Snabba cash", l'argent facile et mal acquis.
La photographie, impeccable, tire habilement profit de la lumière blafarde qui enveloppe Stockholm et ses environs. La réalisation sèche et nerveuse convient parfaitement à la brutalité de ce microcosme, dont la violence n'est jamais esthétisée.
A mille lieux de l'imagerie des classiques du genre, qui l'ont idéalisé, le crime organisé est ici dépeint comme un repaire de crabes, dans lequel la paranoïa, la trahison, et la manipulation, se substituent aux codes d'honneur et à la solidarité familiale.
Ces qualités font d'Easy Money, un film noir, sans véritable héros, et qui sonne incroyablement juste, tant par son intrigue que par ses interprêtes, tous formidables. On pourra regretter que le film s'étire un peu en longueur, sans doute pour ne pas dénaturer le roman originel.
Puisque, depuis Millénium, les polars suédois ont le vent en poupe, attendons donc, avec impatience, la suite de cette nouvelle trilogie.
Moins renommée mais plus réussie, pour l'instant.