Un rider en flashs

La première fois que j'ai vu Easy Rider, c'était y a 25 ans.
J'étais allé le voir dans un cinoche d'arts-et-essais fatigué, avec un pote. Salle pleine, on s'est assis au premier rang.
D'ailleurs, on l'était aussi, fatigués.

Le pote, étudiant en cinéma qui avait plein d'idées bizarres pour ses courts-métrages, comme de me cadrer avec une grenouillère rose ou verte (pomme) dans un chambre d'hôpital entièrement blanche (lit et murs) en train de mimer un solo de batterie tout en entendant le vrai instrument en surimpression sonore (heureusement le projet n'a pas abouti, z'imaginez s'il était devenu célèbre ??? !!!), mon pote, donc, attend à peu près 15 secondes après le début du film pour se retourner vers moi, hilare (on s'est bien compris: il ne s'était encore ABSOLUMENT rien passé) et me demande "ALORS ? ÇA TE PLAIT ?"

Bon, après, je ne vais pas vous faire un cours sur le film, ici. Pour ça, il existe plein de textes très bien écrits. Non, juste quelques flashs, parce que le film marche aussi comme ça.

Un dialogue hilarant autour du feu, qui sonne tellement juste que les acteurs (Fonda, Hopper, Nicholson), pour le coup, n'ont pas eu besoin de faire énormément de composition.
Ça parle de flashs, triple. Dans la nuit.

Un trip/bad-trip cimetière obsédant.

Un fou-rire absolu dans la scène qui suit la question "et tu as un casque, George?"

Une fin flash-back qui retournait bien la tête à l'époque.

Un regard très en demi-teinte sur les communautés et les mouvements jeunes en vogue à la fin de ces folles années 60.

C'était une autre époque.
Depuis, mes cheveux et mes idéaux se sont raccourcis (mais pas proportionnellement).

La dernière fois que j'ai entendu parler de mon pote étudiant en cinéma, il était devenu une espèce d'agent secret dans des îles exotiques appartenant au territoire français.
Après tout, on ne sait jamais ce qui est le plus surréaliste: les films ou la vie.