Me re voilà après plusieurs mois d'absences dans la partie "critique", ayant privilégié mes études, je n'ai pas pour autant cesser de regarder des films, et plus particulièrement des films d'horreur, mais j'avoue que j'attendais le bon métrage pour écrire à nouveau. J'ai vu pas moins d'une trentaine de films horrifiques ces derniers temps et très peux sont sorti du lot... Que ce soit clair, mis à part "The Green Inferno", "I Spit On Your Grave 3" et aujourd'hui "EAT", aucun film d'horreur récent ne m'a marqué.
Alors voilà, "EAT", premier film de Jimmy Webber et non des moindres. Projeté, d’abord au festival de Denver en 2013, puis ensuite au Festival du film fantastique de Neuchâtel et en clôture de nuit du BIFFF 2015 , il bénéficia apparemment d’un accueil très positif dans toutes les salles obscures ou il fut projeté. Le réalisateur s'attaque pour son premier métrage à un sujet que l'on avait déjà vu dans "Dans Ma Peau" de Marina De Van, l'auto-anthropophagie. Pour être plus précis, disons qu'il serait une sorte "d'anti Dans Ma Peau", jouant sur un autre registre, ici se mêlent influences du cartoon, du rape & revenge et du soap opera. Je l'attendais, je l'ai vu, je suis encore sur le cul...
"Novella McClure est dans la même situation que la plupart des jeunes comédiennes qui veulent percer à Hollywood : elle vient de dépasser la trentaine, son nom d’artiste n’est plus trop dans le coup, et elle n’a pas décroché un rôle depuis trois ans. L’argent hérité de son père, mort tragiquement lorsqu’elle était petite, lui a permis de tenir jusque-là, mais cet argent commence à manquer. La manie qu’a Novella de se ronger furieusement les ongles quand elle est stressée et sous pression peut alors devenir bien dangereuse pour elle…"
Dès le générique, on nous expose Novella au réveil, se préparant pour un important entretien professionnel et on se voit plonger dans un univers superficiel, artificiel, à l'image d'une jeunesse Américaine nourrie aux reality-show. La toilette de la jeune fille se voit filmée de façon crue et quasi-obsessionnelle, nous faisant entré directement dans un univers de déséquilibres ambitieux en utilisant pour ce faire des procédés tels que les gros plans à la photographie presque surexposée, accompagnés d’une musique pop très actuelle
Comme les starlettes déchues incarnées par Naomi Watts dans "Mulholland Drive" et Lindsay Lohan dans "The Canyons", Meggie Maddock (Novella McClure), héroïne de "Eat", est une recalée de Sunset Boulevard. Mais au- delà du drame psychologique que nous présente les films précités, et au-delà de cette univers superficiel que l'on peut voir dès les premières images, Jimmy Webber décide ici de faire dans le gore.
C'est donc des scènes gores très graphiques qui vienne côtoyer ce drame psychologique pour le plongé dans une violence à la limite du soutenable. Mais attention, ici aucune violence n'est gratuite et c'est qui rend ce film si intéressant et ces scènes quasi-insoutenables s'inscrivent parfaitement dans la continuité du métrage. L'auto-mutilation traduit ici le malaise profond de la jeune femme, malaise qui nous est communiqué et dont on espère fortement la disparition. Pour cela, on s'accroche autant qu'elle aux quelques lueurs d'espoir peut-être capables de nous sortir de cette orgie sanglante.
Le film joue avec nos émotions et oscille entre plusieurs genres allant du drame à la romance en passant par la comédie et bien sûr, l'horreur. Ce qui donne alors la sensation d'un mélange bien différent de tout ce que l'on n'a jamais connu à l'écran.
Bien sûr, tout n'est pas parfait dans "Eat". On a une sensation d'amateurisme face à certains acteurs du côté des seconds rôles et c'est dommage. Heureusement, l'actrice Meggie Maddock est une immense révélation. Elle porte le film à bout de bras, et sa prestation à elle seule mérite le détour.
"Eat" est un film indépendant qui parvient à se démarquer du lot. Jimmy Webber nous dévoile d'une façon toute particulière les sombres coulisses du rêve hollywoodien du point de vue d'une actrice en quête d'espoir. Là où "Starry Eyes" (traitant du même sujet) était un peu trop léger et gentil, la descente aux enfers présentée ici et bien plus sombre et radicale. Une claque en pleine gueule offerte à nouveau par le cinéma indépendant et qui place son réalisateur comme une personnalité à suivre de très prêt.