Vingt ans ! Vingt ans que l'on attendait le retour d'Adrian Lyne au cinéma. Il faut dire que je suis un fan inconditionnel du réalisateur dont j'apprécie l'entièreté de la filmographie (mis à part "Ça plane les filles" que je n'ai pas encore eu l'occasion de regarder). J'attendais donc énormément ce retour et c'est avec une adaptation de Patricia Highsmith qu'il repasse enfin derrière la caméra pour Amazon Prime (ou Hulu aux États-Unis). Et le résultat en est plutôt décevant ! Tout d'abord car il y avait certes, pour ma part, beaucoup d'attente et puis d'autre part car le film est trop plat. Surtout par rapport à ce que le réalisateur nous avait auparavant habitué, ici, on sent ici une légère baisse de tension, tant du côté érotique que thriller. Pourtant, le réalisateur maitrise très bien les deux genres, en témoigne nombreux de ses films culte des années 80 et 90, mais ici, on a le sentiment que c'est un travail beaucoup plus académique et, quelque part, déjà-vu. Après, je n'ai pas lu le roman, peut-être que ça vient aussi de l’œuvre originale. On suit en tout cas ici un couple lassé par la vie maritale dont la femme trompe régulièrement son mari sous ses yeux. Mais bientôt, bon nombre de ses amants vont se mettre à disparaitre. Le scénario est très prévisible, nous n'avons pas vraiment de surprise ou de twist inattendu, tout est relativement téléphoné. Ce qui est très dommage pour un thriller mais d'un autre côté, j'ai envie de dire que l'intérêt du film ne réside pas vraiment dans l'intrigue. Elle réside en effet beaucoup plus dans ce couple lessivé par la vie quotidienne mais qui tient le coup justement grâce aux excès Melinda, la femme. Surtout que le réalisateur a gardé cette espèce d'aptitude à filmer le couple dans la détresse, tout en étant paradoxalement dans la passion. C'est le thème de beaucoup de films de Lyne ; des couples qui tentent désespéramment de se retrouver après de nombreuses épreuves. Et, de ce côté-là, le film ressemble par ailleurs énormément à un autre film de Lyne, "Infidèle". On retrouve en effet les mêmes thématiques et puis, surtout, nous avons la même fin, ou du moins des fins qui se ressemblent beaucoup !
Effectivement, dans les deux films, la femme vient à découvrir les actes de son mari puis brûle les preuves. Toutes deux se rendent finalement compte de la preuve d'amour que les actes criminels commis par leur mari représentent, beaucoup de non-dits passent par le regard et le couple peut enfin se retrouver, sachant ce que l'un a fait pour l'autre.
Je ne crie pas au plagiat pour autant, ce sont deux très belles fins et, encore une fois, je n'ai pas lu le roman original, je ne sais pas comment il se termine, si Lyne a revisité la fin à sa sauce ou s'il l'a adapté fidèlement. Je suis également déçu par la mise en scène, outre la captation des regards, Lyne a beaucoup perdu son adresse et notamment dans la mise en scène des corps. Là où Lyne était vraiment très doué pour filmer les corps, et en particulier les corps érotiques (avec notamment plusieurs symboliques, dont celle de l'eau qui revenait souvent), ici, c'est quelques fois sulfureux mais c'est très soft et surtout académique. Concernant les acteurs, nous retiendrons surtout Ben Aflleck et Ana de Armas qui jouent vraiment très bien ! "Eaux profondes" n'est donc pas désagréable à regarder mais manque de mordant et surtout déçoit de la part de Lyne !