Avec presque une GPA comme MacGuffin ?
Je l'ai vu il y a plusieurs semaines grâce à arte et il me revient souvent.
Je me rappelle de très beaux plans qui forment dans mon cinéma intérieur un roman-photo classieux: le film me revient quasi en bande dessinée, dans une succession de mes moments préférés, liés aussi à sa photographie délicate.
Tout son début si efficace informe en une seule scène par l'arrivée de la voiture décapotable au bar, de tout le contexte familiale, du contexte historique et même économique; juste en quelques plans. Avec par exemple le nom des gros propriétaires de la région de partout...on comprend que l'alcoolo bourré au volant de la voiture de sport en est l'héritier incompétent etc.
Des plans informatifs qui me rappellent tout le début de ... 'La veuve Couderc', où l'arrivée d'un car, et non pas d'un bolide, nous donnait le contexte local, national et même international en une scène d'introduction comme ici.
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Il me revient ensuite, une des meilleures idées visuelles pour nous dire que c'est un flashback: au lieu de mettre une date sous l'écran, genre "6 mois plus tôt"...Douglas Sirk invite dans le plan de la chambre à fenêtre ouverte, un courant d'air, une brise, aussi délicate que la mise en scène, qui souffle et soulève en marche arrière les pages d'un calendrier sur le bureau, et on comprendra que nous passons alors plusieurs mois avant cette scène d'introduction.
Cette idée de calendrier à la 'Retour vers le futur', rentre dans mon panthéon des meilleures indications de passage du temps dans un film.
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Beaucoup est dit sans dialogue sur-explicatifs, Sirk fait confiance aux spectateurs:
__Après la scène de calendrier soufflé du début, il y a la bonne idée plus tard de la scène de coussin déplacé révélant une arme: la caméra se déplace vers la gauche alors que le coussin est déplacé à droite, et révèle une arme cachée par le mari dans le lit conjugale...à la façon de la femme menaçante dans 'Basic instinct' cachant un pic à glace.
__Après cette scène dans la chambre du frère marié, on retrouvera dans la chambre de sa soeur, ce même mouvement de camera vers la gauche avec personnage allant vers la droite, pendant que l'objectif révèle un autre objet très clé...dans la chambre du frère, la caméra révélait une arme sous oreiller, dans la chambre de la soeur, elle révèle une photo encadrée de ...Rock Hudson; le spectateur est invité à comprendre qu'elle a été amoureuse de lui tout ce temps.
__Autre scène sans dialogue, il apprend qu'il est infertile lors de la fête, et son regard tombe de suite après sur sa femme parlant proche avec son demi-frère, son meilleur ami...
Une fois encore, il ne pouvait pas attendre le rendez-vous du lendemain, il veut encore tout, de-suite, donc il force son docteur à lui dire la mauvaise nouvelle de suite, à cette fête.
Ces regards me rappellent ceux qui m'avaient bluffé dans des scènes sans dialogue dans le Claude Chabrol de 1994 'L' enfer', sur aussi la jalousie dévorante.
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J'ai particulièrement aussi aimé le film qu'on ne voit pas, celui hors-champ de la jeunesse des trois personnage principaux, le frère et la soeur, enfants du riche magnat du pétrole, et leur demi-frère adopté. Ils font souvent allusion à leurs sorties et camping au bord de l'eau et j'ai visualisé un film à la 'Stand by Me'. Le cadavre étant ici l'amour orphelin de la soeur pour son demi-frère (on découvre plus tard qu'elle a encore des photos de lui chez elle; comme les tueurs en série, en ont plein leur mur...).
Comme dans 'Road to perdition' et dans beaucoup d'autres films (dont un bon avec Bacri, 'Avant l'aube'), le fils naturel est moins aimé et compétent que le fils adopté.
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Le moment clé est lorsqu'une pourtant joyeuse grossesse tant attendue, accable de tristesse le papa car devient preuve accablante d'adultère en un des plus émouvants quiproquo du cinéma, car la femme enceinte n'a aucune idée du pourquoi son mari est alors si anxieux...elle est la seule à ne pas savoir qu'il est infertile.
Il a compris qu'il est le bénéficiaire d'une PMA.
Infertile comme l'est Woody Allen dans 'Hanna et ses soeurs' en moins drôle (Hannah asks if Mickey 'ruined' himself through excessive masturbation, and Mickey grumbles, “Hey, you gonna start knocking my hobbies?”: sa femme demande à son mari infertile s'il n'a pas usé son corps?! "hé?! tu t'attaques désormais à mes passe-temps?").
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La passionnée de publicité n'est pas une Putain, mais peut-être une Maman éternelle...
Comme dans le récent Valéria Bruni Tedeschi, 'Les Amandiers', on a encore une petite-amie qui devient amoureuse car pense pouvoir sauver le toxicomane! Le syndrome de l'infirmière? Encore en déni du s'il te cogne un jour, il cognera toujours.
Bacall ne joue pas une pute car elle ne cède pas pour l'argent, puisqu'elle s'enfuit de l'hôtel de luxe; d'abord impressionnée, elle s'est réveillée de l'hypnose et tours de magie du tourbillon de produits de luxe (bijoux, sac etc....).
Mais c'est une maman instinctive qui se prend pour infirmière car elle est convaincue qu'elle peut réformer le toxicomane, qu'elle peut sauver le pauvre malheureux.
Atout et carte victimaire qu'il a jouée quand ses stratagèmes habituels de séduction par les cadeaux, n'ont pas réussi sur celle-là. Il s'est confié: lui a avoué qu'il est "un pochtron" (dans le Bruni-Tedeschi, le violent lui confie qu'il "est fou et toxicomane"). Lors de la première scène, il était bourré au volant de bolide, pour sa scène de confession, il est pilote cette fois d'avion!
L'Emprise par le besoin de soin? (on avait déjà ça, trois ans plus tôt, dans un film de Bunuel et Carrière, 'El', de 1953).
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Cette scène de séduction par l'avion, Robert Stack envoyant de suite en l'air celle qu'il cherche à séduire et surtout impressionner...m'a rappelé Howard Hughes, aussi un héritier..., qui dans 'The Aviator' impressionnait Cate Blanchett/Katharine Hepburn par son habileté à manier son gros joy-stick...
Scène de séduction par l'avion qu'on recroisera en pire dans le livre et film à succès, 'The Carpetbaggers /Les ambitieux'...où l'auteur comparait même la piste d'atterrissage à une femme allongée aux jambes écartées...le triangle étant le hangar.
C'est un bestseller de 1961, 5 ans après le film de Douglas Sirk, où l'équivalent de Robert Stack/l'héritier, compare aussi littéralement le manche à balai de son avion à son pénis!
2023, une étude scientifique confirme que la taille du sexe des automobilistes est bien inversement proportionnelle à la puissance de leurs voitures...1956, Sirk le pressentait déjà avec son gros vantard à gros avion, qui se révèle avoir des spermatozoïdes fatigués...
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Il m'est aussi revenu qu'en quelques plans de repas et loisirs, qui pourraient être sans dialogues, comme dans un roman graphique, on comprenait que le frère et la soeur sont des pourris gâtés...
Et pas très écolo...puisqu'il prend un avion pour aller déjeuner d'un steak au cuisinier réputé. Avoir tout, tout-de-suite. Comme l'enfant dans 'Le Jouet' de Francis Veber...
D'ailleurs Robert Stack achète soudain les locaux et une agence à Bacall pour l'impressionner, comme Michel Bouquet achètera une maison à son fils...Pour rendre clair le pouvoir de l'argent.
Elle venait juste de lui confier qu'elle est "passionnée" par la pub.
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Une mise en scène délicate comme le personnage de Rock Hudson.
Quand ils rencontrent Lauren Bacall, si lui, la dévore des yeux par en dessous...il regarde même ses jambes, à lui. Robert Stack, en revanche touche de suite l'actrice. Tout est dit sans dialogue! (l'un touche de suite, l'autre regarde...comme si l'un n'avait pas eu de maman pour lui apprendre les bonnes manières).
L'entreprise HADLEY a ses tentacules dans toutes la ville, les bras et mains du fils sont aussi des tentacules qui échantillonnent de suite la marchandise Bacall! C'est frappant en 2023! Avant, dans le hall, il zoomait sur elle comme un requin de rue.
Plus tard, il rentrera sans frapper dans la suite de l'hôtel...mon sang n'a fait qu'un tour. Rien que d'y repenser me fait serrer les dents tant c'est symptomatique des gros connards sans aucune classe et éducation. On frappe avant d'entrer, même un peu!
Mais il la frappera alors qu'elle est en plus, enceinte. Les indices étaient là.