Dans un noir et blanc brillant et fabuleux, Burton nous raconte une histoire émouvante et forte.
C'est impressionnant à quel point ce personnage pourtant si détestable sur bien des points possède une naïveté et une candeur qui font de lui quelqu'un de tellement attachant. Johnny Depp l'incarne d'ailleurs à merveille, un regard et une expression si particulière. Les autres acteurs sont aussi merveilleux, Vincent D'Onofrio, même pour si peu de temps, fait revivre Welles d'une manière que l'on aurait pas cru possible, et Martin Landau dans le rôle de Bela Lugosi est confondant. Le reste du casting (Sarah Jessica Parker et Patricia Arquette sont excellentes dans le corps de ces femmes ayant joué un rôle très important dans la vie de Wood) est aussi impressionnant.
Ce regard de cinéaste sur le monde du cinéma est incroyable, montrant à la fois le pire et le meilleur. On découvre les dessous de la production cinématographique si difficile, les déboires et les inconvenues que peuvent amener le cinéma, mais aussi des histoires tellement belles. La mise en scène est très en accord avec le sujet, changeante et pleine d'inventions, d'une beauté sans pareille. Elle est très libre et virevoltante, Burton invente et réinvente sa manière de filmer, il se renouvelle constamment.
La mise en abyme résonne constamment dans cette œuvre, offrant tous les aspects de la construction d'un film, les difficultés à trouver un financement, les trucs et astuces, etc. On est dans une certaine intimité, autant dans le rapport formel de la réalisation, que dans l'esprit du réalisateur. Il nous emmène jusque dans les plus profonds aspects de la personnalité d'Ed Wood, le montrant tel qu'il était, et très de façon très réaliste nous emporte dans une très belle fable.