Road (immigration) trip to hell
Eden à l'ouest, c'est le parcours d'Elias , qui cherche à immigrer en France.
La France c'est un peu son Eden, son eldorado, sa terre promise, c'est la survie, une vie meilleure, le salut.
Le parcours du combattant Elias est semé d'embuches : la radeau de clandestins sur lequel il était se fait arraisonner par les gardes côtés, notre héros fuis à la nage pour s'échouer sur la plage d'un complexe hotelier bien nommé « Eden ».
Jusque là, le film se tient et on sent un réel potentiel : Élias a l'air d'une bête aux aguets qui fuit devant les chasseurs, et on comprend son angoisse à chaque fois qu'il croise un flic, un regard soupçonneux, qu'il entend une voix s'élever.
Le début du film met également l'accent sur les difficultés de langage : Élias parle 3 mots de français, ne comprend pas tout ce qu'on lui dit, et il atterri dans un hotel international ! Chapeau l'artiste !
D'un malentendu à l'autre il creuse quand même son trou, se faufile entre les clients, le personnel, les badauds, et on commence à le trouver brillant dans ses techniques.
Et puis petit à petit on s'enlise, le film perd sa vigueur, on tourne en rond, certaines scènes semblent se répéter, on a la curieuse impression que le réalisateur est tombé sous le charme de son acteur et veut nous montrer qu'il est tellement beau que tout le monde tombe sous son charme.
C'est assez déstabilisant, ça ne colle pas avec la défiance qu'il inspire a priori, et ça décrédibilise le tout. Pareil pour la naïveté profonde d'Élias : au départ il semble presque réfléchi, et plus il avance dans sa quête, plus il semble se reposer sur les autres (alors qu'il devrait avoir compris depuis le début qu'il ne pouvait compter que sur lui). La plupart des personnages qu'il croise sont de vraies caricatures, aucune demi-mesure, aucun n'est réellement attachant tant ils ont tous l'air artificiels, pas crédibles pour deux sous (et 2 sous c'est pas cher ma ptite dame !)
C'est vraiment dommage, du coup certaines scènes ne semblent être là que pour faire sourire, et on perd en intensité.
Et le film se termine sur la même ligne : la fin aurait pu être poignante, elle l'est un peu mais tout semble tourné en dérision, et du coup on n'est pas vraiment triste pour notre héros, juste fataliste.
Pourtant avec un film comme ça on aurait été en droit d'attendre d'être un peu retourné, de regarder différemment les gens dans la rue. C'est comme si Costa Gavras n'avait pas osé aller au bout de son idée, comme s'il avait voulu faire de son film une fable sur un thème pas super féérique et sans y mettre beaucoup de fantaisie, du coup on a un résultat bâtard, entre une fable qui ne s'assume pas complètement et un film qui pourrait être profond mais sonne étrangement creux.
Un mélange qui résonne bizarrement, et qui m'a perdue.
Pourtant il faut reconnaitre que l'acteur principal est très bon, il parle peu mais arrive à faire passer pas mal d'émotions, je regrette juste qu'il soit si soigné : même quand il est sensé dormir dehors depuis plusieurs jours, il reste bien propre comme s'il avait pris une douche le matin même, il n'y a que ses vêtements qui se salissent... ça manque un peu de réalisme tout ça....
Un film à oublier, même si on ne peut pas dire qu'il est mauvais pour tout....