Hollywood s’empare du court manga All you need is kill et le confie à deux maître du blockbuster d’action, Doug Liman et Tom Cruise. Moins réussi dans la a veine SF boucle temporelle que Source Code, Edge of Tomorrow est fluide et dynamique, offre du beau spectacle et arrive à jouer sur le principe de répétition sans ennuyer. C’est très rafraîchissant de voir Tom Cruise, d’ordinaire increvable et immuable, endosser le costume d’un soldat ex-pubard malin, couard et au fil du scénario volontairement suicidaire. La mise en scène de ses différents « reboots » est teintée d’humour et se réinvente suffisamment à chaque fois pour que la première partie du film soit un vrai plaisir.
Edge Of Tomorrow réussit également sa transposition spatiale en Occident, avec un rappel aux premières guerres mondiales ou au Vietnam, que ce soit pour le débarquement sur la plage, la bataille de Verdun, la création d’icône de guerre — Rita Vrataski est ici notre Captain America — même les uniformes britanniques ou encore la nonchalance des futurs soldats. Ce clin d’œil n’est pas complètement anodin, car il renforce le côté absurde de la guerre et le massacre souvent vain auquel elle conduit. Côté négatif, les aliens ne sont pas franchement réussis, mais quand ça bouge vite, donc souvent, ça passe. Les scènes plus calmes comme celle de la caravane ou de l’hélico sont plus intéressante en termes d’ambiance que les grosses scènes de bataille. Quand à Paris by night, on oublie rapidement, le choix est tellement marketing que laisser le décor dans la nuit nous parait le moindre mal.
L’intrigue évolue subtilement sur sa 2ème partie, à partir de laquelle Cage (Tom Cruise) est « en avance » sur le spectateur. Nous quittons la position omnisciente pour adopter celle du primo-spectateur, avec le même niveau d’information que les compagnons de Cage. Cela permet au film un ralentissement du rythme vers des séquences plus philosophique et introspective. Quand Cage avoue à Rita qu’elle n’est jamais allée plus loin, il lui avoue en même temps non pas un quelconque amour pour la belle guerrière (un écueil évité du film) mais plutôt une forme de désespoir profond, le héros n’arrivant pas à contourner l’obstacle.
Malheureusement, Hollywood ne pouvait pas rester sur la ligne du matériau original et la 3ème partie du film retombe dans les travers classique du film d’action américain : une unité rogue bravache où le héros (masculin et blanc) finit par sauver le monde au prix du sacrifice de ses camardes d’un jour — il faut rappeler qu’à ce moment, son unité ne connait Cage que depuis quelques heures. Et le héros, méritant au sens biblique du terme, se voit récompensé par un dernier retour dans le temps offrant ainsi aux « Justes » la résurrection. C’est un peu dommage de se priver du dilemme final offert par la version manga, plus percutante et au final plus touchante.