En 2008, Doug Liman m'avait carrément bluffé avec Jumper, film au scénario simpliste mais au rythme ultra-haletant. Sentiment toutefois guère partagé par la majorité des spectateurs. En 2014, avec Edge of Tomorrow, c'est exactement le phénomène inverse qui se produit.
Certes, je dois dire que je partais un peu perdant car ayant vu quelques extraits en avant-première, je connaissais déjà les secrets du film. Néanmoins, curiosité oblige, je décidais tout de même de pousser l'expérience plus loin.
Mon ressenti juste après la projection:
Ça commence déjà très mal...
Des images télévisées façon World War Z où Flamby se tape l'incruste, évoquant une invasion extra-terrestre sortie de nulle part. Après ça, Tom Cruise est victime du machiavélisme de son supérieur, qui l'expédie sans ménagement dans une base militaire américanisée à outrance et dirigée par un Bill Paxton sadique ("On va envahir l'Europe comme en 44, YEAH ! Et vas-y que je te fais faire des pompes, bouffer des cartes à jouer, te casse les oreilles à te répéter le credo de l'armée...").
Puis arrivent la première scène de "baston", où les soldats les plus clichés et les plus pathétiques au monde (un gros plein de soupe, une latina au sale caractère, un black ayant plus de muscles que de cervelle, etc.) s'affublent d'exo-armures dans lesquelles on peut se balader à poil pour se faire décimer l'instant d'après par des bestioles tentaculaires aussi mal foutues que nommées.
ELEMENT PERTURBATEUR
Au beau milieu du chaos, Tom (qui n'a jamais tenu une arme de sa vie), guidé par le hasard et la chance du débutant, abat justement LE Xeno Alpha dont le sang va se mêler au sien, ce qui aura pour curieux effet de lui faire revivre en boucle cette journée de merde. Cherchant désespérément un moyen de comprendre et de contrer cet étrange phénomène, Tom croise la route d'une figure de propagande de guerre féministe qui va faire d'une pierre trois-coups: libérer le malheureux de son mystérieux mal, le transformer en arme destinée à gagner la guerre et bien sûr esquisser une amourette avec lui.
Ce qui nous plonge dans un énième blockbuster aussi douteux sur le plan du divertissement (les scènes d'action sont foutraques et mal dosées) que du développement des personnages et de leur relation (Tom qui ne trouve rien de mieux que de se vanter de se rappeler du deuxième prénom de sa partenaire pour la draguer), et avare en surprises de surcroît (le mystère du phénomène est bien trop vite résolu), alors qu'on partait tout de même d'un concept qui aurait pu s'avérer captivant à défaut d'être original (et s'avère plutôt mal exploité).
Une seule scène tire son épingle du jeu en utilisant ledit concept de façon véritablement intelligente
Celle où Tom prend son supérieur au dépourvu en anticipant à l'avance toutes ses actions et paroles car il a déjà vécu la scène plusieurs fois ; on s'imagine alors devant notre écran à essayer de battre un boss de jeu-vidéo jusqu'à ce qu'on finisse par trouver son point faible, et cela nous fait sourire
Seulement voilà, c'est la seule.
Le final ne rattrape rien :
Les mêmes soldats du début, pourtant introduits comme étant tous de gros connards sans une once de jugeote, s'improvisent alliés providentiels à la dernière minute et se montrent enfin utiles (mais pas plus intelligents) en aidant Tom à en finir une fois pour toutes avec les affreux aliens, à l'issue de l'opération-suicide-clandestine-de-la-dernière-chance la plus pauvre et la plus expéditive qu'on ait jamais vu
D'ailleurs cette fois j'en suis convaincu: filmer Paris en ruines est indéniablement l'un des plus gros fantasmes d'Hollywood (sauf que pour le faire d'une façon aussi bâclée et moche, il faut vraiment avoir des goûts de chiotte).
Sans trop de surprises donc, un blockbuster tout à fait dispensable, à voir seulement si vous aimez perdre votre temps. Les seuls points que je lui donne vont à Tom Cruise, à la surprenante présence de Noah "Game of Thrones" Taylor et à la chanson du générique de fin.