"Super Ultra Groundhog Day Arcade Remix Hyper Edition EX Plus Alpha" ou "Paris Plage"
"Hey les gars, vous vous souvenez de ce film un peu chiant mais franchement sympa avec Bill Murray, le truc avec la marmotte là..."
"Ah ouais, le truc où il revit toujours la même journée ?"
"Ouais voilà, bah on va en faire une version supervitaminée et supertestosthéronée, ça va marcher du tonnerre !"
Voilà comment pourrait commencer une critique négative traditionnelle de certains membres de ce site dont je tairais ici le nom, s'ils n'avaient pas l'honnêteté de reconnaitre qu'indépendamment de son goût personnel pour l'histoire racontée, le film est objectivement bon.
Parce qu'avec un scénario somme toute "classique", prenant en plus le risque de ne pas reposer sur un twist "final" mais d'expliquer assez rapidement son univers, le film arrive néanmoins à nous maintenir constamment en haleine. Très bien rythmé, il sait se reposer sur son idée d'origine pour faire avancer l'histoire, bien que bloquée en mode "repeat".
Edge Of Tomorrow parvient vraiment à faire ressentir l'évolution du personnage principal. Et si cela se fait au détriment évident de la quasi-totalité du reste du casting (Bill Paxton & Emily Mache-Pas-Ses-Mots aside), le fait que Tom Cruise joue un gros trouillard dégonflé et quelques autres trouvailles du même acabit rendent le tout vraiment intéressant.
Surtout que le principe expliqué assez tôt, cela permet d'en exploiter les différentes possibilités. Après nous avoir montré comment il commence à apprendre de ses erreurs lors des jours précédents, le film choisit de nous montrer son avancée comme un tout cohérent, mais entrecoupé de "retours à zéro" à des moments cruciaux, un peu comme des points de décision importants dans un RPG à la Mass Effect.
Du coup, on laisse au spectateur imaginer de lui-même les précédentes tentatives lui aillant permis de peser ses choix, et on lui propose souvent simplement la décision finale qui ferra avancer la journée jusqu'à ce point. Evitant ainsi les redites traditionnelles inhérentes à ce genre de construction scénaristique, le film s'en sert juste comme ressort comique pour sa première partie, avant d'avancer.
Par ailleurs, les 3 acteurs principaux sont plutôt bons (mention spéciale à Paxton), et les scènes d'actions montées intelligemment viennent parfaitement s'incruster dans la narration. On notera toutefois un léger bémol en ce qui concerne certaines incrustations, éton-notamment celles des arrières plans dans les scènes de voitures en prises studio. A croire que de tout temps, il sera toujours plus dur de faire croire que deux personnes sont dans une voiture qui roule quand ce n'est pas le cas, que de faire croire qu'un mec peut se servir d'un exosquelette de plusieurs tonnes pour sauter plus haut et courir plus vite...
Le choix du grain et des couleurs est cohérent, et le film parvient à avoir un réel univers graphique, certes inspiré, mais original et non simplement pompé de tel ou tel autre œuvre. Le design des Aliens est particulièrement soigné et inventif, et permet d'en faire de véritables machines à tuer adaptées à tout terrain. Le Sound Design est à l'avenant, en revanche la bande son reste bonne sans vraiment apporter une réelle pierre à l'édifice. Mais bon, c'est pas forcément toujours indispensable dans ce genre de productions, et elle fait correctement le taf néanmoins.
Même cette pirouette de fin de film ne m'a pas plus dérangée que cela. Surement parce que même si c'est le point le plus "douteux" d'un point de vue cohérence générale, suffisamment d'éléments nous sont donnés au cour du film et à la fin pour qu'on puisse se dire qu'en cherchant bien on peut trouver une justification plus ou moins "logique" vis-à-vis de l'univers même du film. En creusant un peu quand même, parce que c'est pas non plus simplement balancé au visage du public, comme c'est malheureusement trop souvent le cas.
Je sais pas du tout si c'est que j'ai une affinité particulière avec les scénarios de Christopher McQuarrie, mon film préféré en termes de structure narrative restant The Usual Suspect, mais j'ai trouvé qu'encore une fois, celle-ci était pour le moins inventive et audacieuse dans sa relative "traditionalité" (je me permets ce néologisme, que je traduirais par "manque d'originalité dans le type d'histoire raconté).
Mais pas, du coup, dans la façon de la raconter.