Un cri, mais pas que
Comme tout le monde, je connais « Le Cri ». Comme tout le monde, je sais qu'il est signé Edvard Munch. Et... c'était à peu près tout avant la découverte de ce documentaire. C'est ce qui est pratique...
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le 1 nov. 2022
Je ne savais pas grand-chose sur Munch, à l’exception du fameux « Cri » de 1893, un des tableaux les plus connus au monde. Mais son œuvre est bien plus vaste que ce tableau autant que fascinant que dérangeant. Une œuvre picturale entre ombres (beaucoup) et parfois quelques rayons de lumière qui a d’abord puisé son inspiration dans le naturalisme et l’impressionnisme mais choquant à l’époque car refusant de se plier aux règles à respecter dans la peinture. La peinture est pour lui le moyen d’extérioriser ses émotions profondes. Incompris au Danemark, il est venu s’installer à paris mais n’a pas connu plus de succès. C’est vraiment à Berlin qu’il va vivre et être enfin reconnu. Munch était une personnalité complexe marquée par une histoire familiale dramatique, une famille ravagée par la tuberculose : sa mère en meurt alors qu’il a 5 ans, sa sœur aussi (à 15 ans). Une autre de ses sœurs a été internée en hôpital psychiatrique, son frère est mort en 1895. Le traumatisme profond de la mort de sa sœur reviendra souvent dans ses tableaux, comme une blessure intérieure qui ne peut pas se refermer. Son œuvre est donc traversée par la mort, la souffrance, la solitude et l’angoisse. Il est lui-même persuadé de ne pas vivre vieux, souffre d’un alcoolisme récurrent et se fait même interner en hôpital psychiatrique à Copenhague à 45 ans. Il pense trouver du réconfort avec les femmes mais rien n’y fait, ses histoires d’amour se terminent toujours mal et la femme est souvent peinte dans ses tableaux comme une tentatrice voire une « vampire » (le titre d’une de ses peintures).
Quand il tient une scène qui lui convient, il va la reproduire encore et encore dans des séries, ce qui a été le cas du « Cri » et de la mort de sa sœur, comme de la vampire d’ailleurs, comme des variations autour d’un même thème obsédant : le « Cri » représente une figure vaguement humaine mais déformée par une expression horrifiée, fixant le spectateur depuis un pont surplombant des eaux grises, un grand ciel orange s’étalant autour de lui. Le personnage est chauve et porte des habits noirs, le visage déformé et défiguré. Par contraste, la silhouette des autres personnages qu’on peut distinguer sur le pont semble être à peu près normale. Edvard Munch a probablement tiré son inspiration pour ce tableau de sources diverses dans sa vie. Au moment où il travaillait sur le tableau, il vivait assez près à la fois d’un abattoir et d’un asile psychiatrique où résidait sa sœur. Il a eu l’idée du tableau alors qu’il passait sur un pont quand il a perçu un cri passer « à travers la nature », une sorte de hurlement primal, et il lui sembla presque l’avoir entendu avec ses oreilles. Il a inscrit ce tableau dans la « Fresque de la vie » qu’il a présentée à Berlin et qui allait de la naissance de l’amour jusqu’à la mort et au souvenir des disparu(e)s. Sa peinture a clairement inspiré l’expressionnisme et lui qui ne pensait pas vivre vieux, est mort en 1944, à 80 ans. Sur ses dernières années, il a peint de nombreux autoportraits sur lesquels il montre le passage du temps sur son visage et la solitude profonde qui l’habitait. Un documentaire court (52 mn) mais très instructif sur un peintre important.
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il y a 13 heures
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