Grand baroudeur sur SC, ce western de Damiano Damiani m’avait attiré pour 3 raisons : sa très bonne moyenne (7,3 à l’heure où j’écris), sa bonne place dans le sondage sur les meilleurs westerns-spaghettis, et surtout sa première place dans le top des meilleurs films avec Klaus Kinski (dont la prestation dans Le Grand Silence m’avait beaucoup plu).


En réalité, tout ceci n’est qu’une blague. El Chuncho est considérablement surcoté, et c’est l’un des plus mauvais westerns qu’il m’ait été donné de voir.


Le résumé de ce film pourrait se tenir en une phrase : un révolutionnaire mexicain fait alliance avec un Américain qui en réalité veut abattre les généraux de la Révolution pour se faire un max de pognon.
Certes, dans ce genre de western, le scénario est souvent secondaire. Mais il y a eu d’autres films dans le même genre : je citerai notamment El Mercenario (1968) de Sergio Corbucci, et surtout Il était une fois la révolution (1971) de Sergio Leone. Face à eux, El Chuncho ne fait pas le poids.


Le film de Damiano Damiani commence de manière assez abrupte, avec l’Américain qui assiste à l’exécution de révolutionnaires mexicains et qui déclare solennellement en voix off : « La révolution mexicaine a fait près d’un million de morts » (de mémoire). Assez marrant de la part d’un type qui montrera dans le film qu’il n’en a rien à faire de la révolution mexicaine.
Suis près d’une demi-heure de pétarade intense, mais sans intérêt, où les personnages sont complètement délaissés. Cette partie du film permettra quand même la rencontre entre l’Américain et El Chuncho, le révolutionnaire.


Le film mise sur l’amitié qui lie les deux hommes, mais on ne comprend pas bien comment elle a pu naitre. Que ce soit dans El Mercenario ou dans Il était une fois la révolution, on avait toujours un duo de personnages hauts en couleur et attachants, avec d’un côté un mexicain bandit ou révolutionnaire, et de l’autre un étranger charismatique.
Dans El Chuncho, Gian Maria Volontè incarne un révolutionnaire caricatural et à peine convaincant, face à un Lou Castel plus intéressant, mais trop froid. À la rigueur, on peut comprendre le fait que l’Américain s’attache au Mexicain (il se sert de lui jusqu’au bout), mais le contraire, je ne l’ai toujours pas compris.


Et Klaus Kinski dans tout ça ? Ben oui, rappelez-vous, c’était l’une de mes raisons de voir ce film. Eh bien, je dois dire que la première place de ce western dans le top des meilleurs films avec Klaus Kinski c’est du grand n’importe quoi. Parce que l’acteur allemand doit apparaitre 10 mn à l’écran, et que son rôle est totalement secondaire.


En gros, El Chuncho est trop long, mal géré, on ne sait jamais vers où ça va, les transitions entre les scènes sont brutales, et les personnages sont mal exploités (je pense à la fille qui disparait sans qu'on la revoie !). Quant à la bande-son, on est pas loin de la catastrophe. N’est pas Ennio Morricone qui veut !


Ce western-spaghetti brille quand même sur certains points : la manière dont il présente les révolutionnaires, des brutes illettrées qui se servent de la Révolution pour piller. Le moment où la bande rend visite à un riche sans défense dans une ferme est sans doute le meilleur passage du film. On voit que les pauvres de la ville veulent la peau du riche parce qu’il… est riche. El Chuncho s’en fout un peu, mais il leur accorde parce qu’il est le leader. Le film n’essaie pas d’enjoliver la réalité, au contraire. La fin reste cependant prévisible et pourra laisser un goût d’amertume quand on se dit finalement : tout ça pour ça ?


Cette critique m’a permis de constater que c’était la deuxième fois que je me penchais sur un film de Damiano Damiani. L'autre film en question, c’est Amityville 2 : Le Possédé. Ça n’a rien à voir, mais c’est 100 fois mieux qu’El Chuncho quand même.

Zero70
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le 24 juil. 2016

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