Comment, bien entendu, ne pas penser à Rio Bravo en regardant El Dorado ? Même réalisateur, mêmes têtes d’affiche, mêmes enjeux, mêmes types de personnages, mêmes situations, même ton, même résolution, mêmes types de décors, etc., font qu’il est difficile de considérer ce film comme une simple variation du classique d’un western tourné à peine huit ans plus tôt. Sauf qu’en huit ans, le cinéma a changé : James Bond a déboulé sur les écrans, Sergio Leone a redéfini les codes du western et de nouvelles têtes d’affiche se sont faits une place au soleil.
Du coup, cette relecture de Rio Bravo s’apparente à un délicieux exercice de style. Howard Hawks, en fin de parcours, réalise un western à l’ancienne avec la star d’hier qui brille toujours, misant sur l’action et l’humour. Une sorte de Rio Bravo solaire, dénué du ton tragique de son modèle, fait simplement pour prolonger le plaisir d’un cinéma appelé à disparaitre. Parfaitement et volontairement codifié, El Dorado est un film positif où les gentils, même s’ils souffrent de quelques maux, triomphent des méchants, où les malentendus s’arrangent, où les amours sont possibles, où les amitiés sont plus fortes que les aléas de la vie.
John Wayne est, bien sûr, totalement à l’aise dans son rôle d’éternel cow-boy au bon cœur, à côté d’un Robert Mitchum (parfait évidemment) capable de se refaire la cerise en 24 heures, d’un James Caan plus convaincant que Ricky Nelson, et des seconds rôles, peut-être moins aboutis que dans Rio Bravo, mais cependant suffisants pour emballer le tout. Si Rio Bravo était un film d’auteur, El Dorado est un film de distraction où Hawks se contente de déclarer son amour à un certain cinéma qu’il a contribué à créer. Et ce cinéma-là, il faut bien l’avouer, malgré ses facilités parfois, on l’aime aussi.