El libro de piedra par Alligator
oct 2010:
Après avoir découvert Taboada avec "Mas negro que la noche", je remets un pied dans ce cinéma fantastique mexicain avec plaisir. Comme j'ai vu il n'y a pas si longtemps "The innocents" de Jack Clayton avec Deborah Kerr, j'ai été un peu décontenancé par les inévitables comparaisons qui se bousculaient dans ma tête : la préceptrice en charge d'une enfant qui vit une histoire d'amitié avec un fantôme, une mère morte, un père dépassé par les étranges évènements, la grande villa isolée au milieu des bois, etc.
Une fois que j'acceptai ces influences, j'entrai enfin pleinement dans l'univers propre à Taboada et pris un franc plaisir. Avec une histoire somme toute banale, des situations classiques, Taboada parvient encore à créer une atmosphère effrayante. La trouille est là malgré tout, malgré les choucroutes de Marga López, le balais dans l'anus de sieur Joaquín Cordero et les clichés que trimballe cette histoire de sorcellerie.
Le suspense fonctionne à plein régime, avec ce style si particulier, si daté, finalement bourré de charme, celui d'une vieille revue au papier jauni. Les ombres mouvantes, ces regards apeurés vers le noir, vers des bruits indéfinissables et cette musique oppressante, omniprésente et la plupart du temps paradoxalement très discrète font que sans trop d'hésitation, je situe ce "Libro de piedra" bien plus haut que "Mas negro que la noche". Il est beaucoup moins extravagant, ne prête guère à rire.
Certes, certaines scènes sont encore joués avec une certaine candeur. Peut-être que les acteurs ne présentent pas toutes les garanties qu'un jeu juste et sobre requiert, c'est vrai.
Néanmoins le nectar est ailleurs : un film d'épouvante soft et accueillant, à l'exotisme souriant et au charme suranné. J'aime beaucoup ce cinéaste, incroyablement efficace en dépit d'un style parfois assez naïf.