Nettoyer, balayer, astiquer...
Premier long métrage du péruvien Adrián Saba, The Cleaner narre l’histoire de son pays soudainement frappé par un virus létal. La capitale, Lima, se retrouve alors décimée en quelques jours, et dans les rues vides on ne croise plus que des « nettoyeurs », ces hommes désinfectant une fois la mort passée. Eusebio est l’un d’eux, acceptant son sort sans broncher, jusqu’à ce qu’un petit garçon, Joaquin, fasse irruption dans sa vie.
Du virus on ne saura jamais grand-chose, si ce n’est par les news passant en fond sonore. Personne ne sait d’où il vient, ni comment il fonctionne, la seule information connue étant qu’il tue en deux jours. The Cleaner n’est donc pas un film d’infectés à proprement parler. On ne trouvera pas de séquences d’affolement, de contagion ou d’explications scientifiques, la propagation de la maladie étant simplement utilisée comme trame à la relation s’instaurant entre Eusebio et Joaquin. L’homme est bourru, mutique, et n’a absolument aucune idée de la façon dont on s’adresse à un enfant. Joaquin vient de perdre sa mère, et s’enferme dans le même douloureux silence. Finalement, quelques gestes, quelques mots seront doucement échangés entre ces deux solitaires, leur apportant le réconfort dont ils éprouvent le besoin fondamental.
Saba fait le choix esthétique (et aussi économique), de filmer essentiellement en plans fixes, dans des espaces clos, sans musique. Le film conserve alors tout le long une aura mystérieuse. De Lima, on ne verra que peu de chose, si ce n’est ici un hall d’aéroport dépeuplé et là une plage déserte. Le temps semble être suspendu, la vie aussi, et la dernière trace d’humanité ne réside que dans la volonté butée d’Eusebio à ne pas abandonner ce gamin dont il ne connaît rien.
Or si The Cleaner est effectivement un joli morceau de bravoure poétique qui refuse les poncifs du genre, il a malheureusement bien du mal à tenir la longueur. On sent que son réalisateur est habitué aux courts métrages, et le scénario ici est insuffisant pour remplir l’heure et demie du film. A vouloir pousser le dépouillement sans totalement encore maîtriser sa mise en scène, Saba pèche autant par manque de rythme que de tension dramatique. Un essai pas totalement réussi donc, mais en tout cas prometteur au vu des proposition visuelles intrigantes du jeune sud-américain.