« This is the best I've ever played. » EL MARIACHI

Robert Rodriguez commence à s'intéresser au tournage à l'âge de 7 ans lorsque son père achète un magnétoscope et une caméra. En parallèle à ses études, il s'exerce en filmant sa famille et en en faisant des petits films. Il va même créer une bande-dessinée dont les personnages s'inspirent beaucoup de sa famille, mais malgré tout cela, il n'arrive pas à intégrer une école de cinéma.

Cependant, Robert Rodriguez est motivé et va continuer à s’exercer avec des caméras jusqu’à réaliser ses propres courts-métrages.

Son court-métrage Bedhead, sorti à l'automne 1990, alors qu’il était étudiant à l’université du Texas à Austin, est récompensé dans plusieurs festivals dont le Black Maria Film and Video Festival, le Marin County International Festival of Short Film & Video et bien d’autres. Trois de ses frères et sœurs font partie de la distribution du film, qui présente déjà tous les ingrédients de son style : un humour omniprésent, des mouvements de caméra rapides et nerveux ainsi que des zooms intenses.

Après son court métrage Bedhead, Robert Rodriguez veut réaliser un long-métrage à petit budget notamment pour se faire la main. Le cinéaste réussit à dégotter un budget de 7.000$, en étant cobaye d'un laboratoire pharmaceutique. Il avait une motivation sans faille le Robert. Cette somme permet principalement l'achat de pellicules et pour la promotion en festival.

Le tournage fauché a lieu de juillet à août 1991 au Mexique, principalement dans la ville de Ciudad Acuña. Robert Rodríguez a recours à de nombreuses astuces pour masquer la faiblesse du budget de son film. Autant que possible, il va tourner qu'une seule prise. Des subterfuges permettent ainsi d'imiter les mouvements d'une dolly, pour faire croire que plusieurs caméras ont été utilisées. Par ailleurs, la plupart des armes utilisées dans le film sont des pistolets à eau et les gangsters sont de jeunes adolescents non professionnels.

La bande originale typiquement mexicaine du film a été composée par des proches du réalisateur, notamment par son père Cecilio Rodríguez et son cousin Álvaro Rodriguez ce qui permet d’autres économies conséquentes.

Le montage terminé par Robert Rodriguez lui-même, El Mariachi sort en 1992.

Robert Rodriguez occupe quasiment tous les postes techniques, encore pour des économies. C’est un système de fonctionnement qui lui est propre et qu'il appliquera sur nombre de ses films tout au long de sa carrière. Outre sa fonction de metteur en scène, le cinéaste officie ainsi en tant que scénariste, producteur, monteur et chef décorateur du long-métrage.

Un mariachi vêtu de noir arrive dans une petite ville avec son étui de guitare. Dans le même temps, un truand vêtu de noir, qui dissimule son arsenal dans un étui de guitare, et portant le nom de Azul, arrive dans la même ville, d'où une série de quiproquos sanglants.

En répétant plusieurs fois la même scène, en y apportant d'infimes variations (le mariachi se cache dans un bar, puis dans un camion, puis dans un autre camion), Robert Rodriguez fait durer son plaisir, celui du mouvement frénétique. Manque un élément qui a pourtant beaucoup fait pour le cinéma par le passé : l'humanité. Les personnages sont à peine esquissés, sur le modèle des archétypes télévisuels : chef de gang en costume clair, tenancière au grand coeur, bandit macho moustachu. Le mariachi lui même, qu'il chante ou qu'il tire, est un ectoplasme dont on ne devine rien. Ce désert dramatique est à peine égayé de quelques touches d'humour noir.

Le rôle principal du mariachi est tenu par le producteur et ami de longue date de Robert Rodriguez : Carlos Gallardo. Pour le reste de la distribution, le réalisateur fait appel à des amateurs sur le lieu même du tournage. Ainsi, il confie des rôles aux journalistes locaux qui suivent le tournage dans leur ville.

On peut s’amuser des personnages de Moco, Azul et Domino incarnés respectivement par Peter Marquardt, Reinol Martinez et Consuelo Gómez qui sont des un sur-jeu amusant.

Comme dans son court-métrage Bedhead, on va retrouver les ingrédients du style de Robert Rodriguez, à savoir son humour, ses zooms, ses mouvements de caméra très rapide, quelques vues subjectives et de l’hémoglobine par dizaine de litre.

El Mariachi est un succès critique et public. Il obtient plusieurs prix dans les festivals comme le prix du public au Festival du film de Sundance, le prix du public au Festival du cinéma américain de Deauville et bien d’autres. Le projet séduit le studio hollywoodien Columbia Pictures qui décide de le distribuer aux États-Unis.

Robert Rodriguez avait réalisé El Mariachi comme le premier épisode d'une série consacrée aux aventures d'un musicien devenu tueur, ce qui explique d'ailleurs une bonne part des insuffisances du film. Hollywood en a décidé autrement : ce sera le premier film d'un potache virtuose devenu réalisateur professionnel.

StevenBen
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le 27 août 2023

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Steven Benard

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