Ce film argentin est merveilleux ! Son noir et blanc est onirique ! Son récit est si banal qu'il en devient poétique, les plans sont comme une succession de haïkus. Par ailleurs, les 73 minutes composent ce film ont la brièveté et l'efficacité d'un haïku. C'est l'histoire d'un type normal qui a un chien qui aboie, parce qu'il est souffrant. Il essaie de l'emmener au boulot mais ça n'est pas possible alors il démissionne. Et à partir de là, de petites joies en petites peines, de scènes quasi documentaires à séquences presque science-fictive, en passant par des dessins inanimés, le film se crée petit à petit, racontant plusieurs tableaux, sur diverses années. Tout est insignifiant, beau au jour le jour, cueilli au bon moment et arrosé comme il faut, tout est banal, quotidien, et pourtant sublime, touchant, drôle, triste, absurde... On reconnaît des échos à notre monde dans celui-ci moitié réel moitié parallèle. Une catastrophe survient (une comète ou une étoile, on ne sait pas trop, qui descend sur terre) qui réchauffe tout le monde et provoque des évanouissements, obligeant les gens à porter une bulle autour de la tête quand ils sont au-dessus d'un mètre vingt (les pauvres marchent accroupis). Juste avant, juste après, on était sur un stand de marché où dans un champ de choux.

C'est un collier de perles qui s'enfilent en douceur, mais des perles hétérogènes. On admire, on adore. Il y a une subtilité, une délicatesse, et une violence mise en sourdine, mais planant au-dessus de nous comme notre condition. Ce chien qui souffre, qui ne veut pas rester calme, qui veut jouer malgré la douleur, c'est nous. Notre meilleur ami. Il faut vivre.

Alfred_Babouche
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le 29 mai 2023

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