Quelle surprise de voir ce film si mal noté sur Sens critique. Étant férue de cinéma latino et intéressée par la politique de la région, je peux croire que mon regard est légèrement biaisé. Cependant, El Presidente (titre espagnol choisi pour l'Europe, le titre original "La Cordillère" n’ayant pas été jugé assez dramatique?) n'est pas pour moi un film sur l'Amérique latine, mais un film sur le pouvoir.
Intrigant, sombre, sensible et déstructuré, il a pourtant ce charme latino qui en fait un film moins méthodique mais beaucoup plus envoutant que l'intéressant mais glacial Exercice de l'Etat. Le pouvoir, c'est avant tout ses (larges) zones d'ombre, l'imbrication inévitable du privé quand 100% de son temps est consacré à LA fonction, les doutes, le cynisme, les marges de manœuvre, les paris, les angoisses qui surgissent de toutes parts.
La force du film, la leçon, c'est justement de montrer sans vraiment révéler. Alors le personnage principal, qui nous a accordé une virée "de l'autre côté", du côté des puissants de ce monde, nous remet à notre place de pion insignifiant qui n'aura jamais accès à tout. Et peut-être est-ce mieux comme cela car, contrairement à lui, nous en sortirons indemnes.