Pâté en croupe
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Peut-on filmer une sensation, un sentiment, un désir refoulé ou libéré ? Il y a ceux qui penseront que c’est vain. Un sentiment, cela se vit, cela ne se filme pas. Un sentiment, c’est invisible et changeant au fil des journées qui passent. Et les journées passent, toujours les mêmes. Et le film les suit, sans tricher : c’est la vie, la vraie vie, comme on ne la voit pas ou peu au cinéma.
Ceux qui sont venus voir un film traditionnel s’ennuieront : ici, pas scénario ou presque, pas de dialogues hors du commun, pas de scènes théâtrales, pas de réponses implacables aux questionnements. Comme dans la vie.
Et pourtant. Happés par ces corps exposés au soleil, cette jeunesse, sa légèreté, ses rêves et ses déceptions, on ne veut plus sortir de la salle, on veut que cela continue et continue encore. Ce film, c’est la vie dans ce qu’elle a de plus beau : la spontanéité, l’hédonisme, l’espoir.
Avec nous, il y a Amin. C’est lui qui nous emmène dans ce tourbillon aveuglant, par la lumière du soleil, les spots des boîtes de nuit, ou les corps à la beauté antique. Comme lui, on ne maîtrise rien à cet enchaînement d’événements, on aimerait agir, on essaie, mais les choses viennent d’elles-mêmes ou ne viennent pas. Amin, est-ce le narrateur, est-ce une représentation autobiographique d’Abdellatif Kechiche ? Bien au-delà, le personnage atteint une dimension universelle: Amin c'est nous tous, qui jonglons avec les subtilités de cette vie, aussi banale qu'éblouissante.
Alors, si vous avez perdu foi en la beauté du monde, si vous êtes désespéré par la jeunesse frivole et oisive, si votre temps doit être rentable, s’il vous plaît n’allez pas voir ce film. Vos soupirs durant trois heures ne feront que confirmer le verdict des spectateurs qui vivent pleinement le moment, mais leur gâcheront tout de même un peu l’expérience.
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le 3 avr. 2018
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