Présenté en sélection officielle hors compétition à Berlin, le nouveau documentaire de Markus Imhoof conjugue la crise migratoire avec un souvenir d’enfance: sa rencontre avec Giovanna, une jeune réfugiée italienne accueillie par ses parents à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mirage d’une vie paisible et vertueuse, l’Europe devient le nouvel Eldorado de milliers d’hommes et de femmes en fuite sur la Méditerranée; la Suisse comme une nouvelle Cité D’Or d’un temps jadis. Les damnés de l’histoire contraints à l’exil remplaceraient les conquistadors d’hier ou les Candides Voltairiens. Mêlée à un souvenir d’enfance, lorsqu’il y a 70 ans la famille du réalisateur accueillait une jeune réfugiée italienne, l’histoire permet un parallèle historique entre les migrations d’après-guerre et l’exode de nos contemporains.
Lorsque le réalisateur embarque sur un cargo de la garde côtière italienne où une armada médicale repêche in extremis des radeaux d’infortunes, les conditions indécentes et l’urgence d’une aide internationale sont manifestes. Des images crues et une vérité saisissante, teintées d’un optimisme de bon aloi lorsqu’il nous rapporte des solutions locales (sur le cargo, en Italie, en Suisse). Plus anecdotique sur le sol Suisse, le témoignage de ces populations en fuite et l’incapacité d’une gouvernance internationale aurait suffi à un documentaire puissant.
Un humaniste septuagénaire abasourdi par son époque...
Néanmoins «Eldorado» pêche par de trop bons sentiments et manquera de modernité lorsqu’il regarde inlassablement en arrière avec l’histoire de Giovanna. Le souvenir du réalisateur servira la parabole historique entre les différentes vagues migratoires. 70 ans après le départ de Giovanna, le réalisateur nous plonge dans l’intimité de leur correspondance en voix off. Candide, enfantine, composée sur un montage d’albums photos et de dessins, cette partie du récit contraste étonnamment avec la crise migratoire développée en parallèle et l’urgence dans laquelle se trouvent des millions de migrants. Il serait malvenu de revenir sur la justesse d’une émotion aussi personnelle mais le découpage en troublera l’expérience.
Des histoires se mêlent avec plus ou moins d’aisance et on a le sentiment d’une timide ambition. Pour qui ? Pourquoi ? Il reste néanmoins le récit des désillusions contemporaines portées par l’indignation universelle (presque intemporelle …) d’un humaniste septuagénaire abasourdi par son époque.
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