Electric Dragon 80.000V est une sorte d'éjaculat visuel et sonore —sonique même, un presque film, un quasi clip, un trip sûrement. La grosse cinquantaine de minutes qui le compose évoque une éclaboussure plastique aussi bruyante qu'éclatante.
Sogo Ishii semble ajouter de la manière au geste, et en ce sens il parvient plus de 25 ans après Burst City à retranscrire un sursaut d'énergie punk et un peu de cette urgence caractéristique tout en sublimant un style visuel désormais qualifiable et reconnaissable par son esthétisme poussé.
C'est musicalement écorché, noisy, énervé mais d'un autre côté graphiquement sensible, d'un superbe monochrome, et presque posé par moment.
La forme comme le fond est histoire de dualité, de duel, parce que Electric Dragon 80.000V c'est aussi un match de boxe entre combattants branchés, aux noms catchy (Dragon Eye Morrison et Thunderbolt Buddha —putain !) dont le pédigrée est craché par un commentateur usant d'un hygiaphone saturé, du mouvement, du jeu de jambe, du défi, du jaugeage, et un affrontement.
Non film, prétexte à la masturbation d'un esthète japonais débile et fatiguant, vous diront les uns. Les autres, qui aiment voir un personnage déverser sa colère et son trop plein d'énergie sur une guitare souffre douleur, sensibles à l'imagerie rock'n roll nonchalante nipponne parfaitement caractérisé par un Asano toujours aussi à l'aise en fute en cuir, ceux qui aiment le noir et blanc urbain, nocturne, les cadrages maitrisés, le dynamisme perpetuel d'une caméra juvénile, les onomatopées survoltés, ceux là, qui apprécieront l'aspect plus sensoriel qu'intellectuel d'une friction entre hommes de la même trempe, il se pourrait que le film les branche.
Tenez moi au courant.