Fils malade
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le 11 nov. 2014
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Premier film de Lars Von Trier et premier volet de sa trilogie Europe (avec Epidemic et Europa), Element of Crime est comparable à Eraserhead par son degré de bizarrerie raffinée, d’opacité et d’originalité. Nuance de masse, ce film-là ne cause aucun trouble et suscite la curiosité, éventuellement l’agacement, plutôt que la fascination. Puis surtout Element of Crime n’est qu’un exercice de style, ce qu’il a à dire est vaporeux et la pertinence de son univers est fragile.
Le prétexte est une enquête ésotérique lourde façon Neuvième Porte et bancale à la Kill List, avec ce mystérieux bouquin et les meurtres du Lotto. Heureusement un style unique est là, alertant immédiatement sur la présence d’un auteur à suivre. L’identité visuelle est très singulière, le mieux pour la situer étant d’invoquer pêle-mêle Caro, Querelle, Guinea Pig 2 avec une once de Buttgereitt.
Au-delà de cette très belle et surtout audacieuse photographie, puisque le monde entier se trouve enveloppé dans une espèce de formaldéhyde jaune, Element of Crime s’affirme grâce à une abondance de situations littéralement oniriques. Les signaux manifestes se prêtent à l’analyse et mettent en relief l’arrogance de Lars, déjà bien présente. Il n’a pas tort, son Element of Crime est un enfant terrible issu de Fritz Lang (M le Maudit) et de Tarkovski (Stalker), avec en outre le mérite de précéder la vulgarisation du serial killer dans les 1990s.
Enfin c’est l’une des œuvres les plus élaborées et délicieuses de Von Trier sur le plan graphique et sur le terrain de l’invention pure, à l’inverse notamment de Dancer In the Dark ou du Direktor. Dommage que cette ambiance délétère merveilleuse soit au service d’un début de métaphysique ambiguë, car le spectateur devient le cobaye d’une accumulation de happening de qualité et d’intensité très variables.
http://zogarok.wordpress.com/2014/11/08/element-of-crime/
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le 8 nov. 2014
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