Et si tout ce que l’on croyait savoir sur Sherlock Holmes n’était en réalité que des affabulations et des inventions. Imaginez, Reginald Kincaid (Michael Caine), comédien shakespearien fantasque et raté bien plus attiré par l’alcool et les femmes que par la prose théâtrale se voit engagé par un certain John Watson (Ben Kingsley), docteur en criminologie et écrivain. Sous l’imagination puis la plume de Watson, Kincaid devient alors Sherlock Holmes. Tel un marionnettiste, Watson dirige l’imprévisible Reginald dans des enquêtes policières incroyables qui passeront à la postérité, le grand Sherlock Holmes est née et avec lui, ce formidable esprit de déduction. Oui, mais voilà, le torchon brûle entre les deux hommes. Watson ne supportant plus les élucubrations et autres maladresses de Sherlock/Kincaid décide de mettre fin à leur collaboration. Lui, le grand docteur en criminologie (titre pour le moins pompeux qui n’intéresse personne, en effet la police scientifique n'en est qu’à ses balbutiements en ce début du XXe siècle) veut faire cavalier seul, mais le public et les plus hautes instances de l’Etat réclament Sherlock Holmes. Alors, quand l’infâme Moriarty (Paul Freeman), dans l’ombre fomente un mauvais coup qui pourrait ruiner la couronne britannique, Watson n’a pas d’autre choix que de réembaucher Kincaid. Thom Eberhardt («La nuit de la comète») nous ouvre toutes grandes les portes d’une superbe comédie à l’anglaise, comme si l’humour Monty phytonesque (Jeffrey Jones, jouant l’inspecteur Lestrade, en est le meilleur exemple) d’«Un poisson nommé Wanda» rencontrait l’intelligence scénaristique de «La vie privée de Sherlock Holmes» de Billy Wilder. Le duo Caine/Kingsley tout en décalage fait des merveilles. Durant près de deux heures, les dialogues ciselés et les situations comiques s’enchaînent sans discontinuer au cœur d’une fiction croustillante où la finesse de l’écriture n’a d’égal que le cynisme de Watson et l’irrévérence de Holmes. Il est absolument élémentaire de voir ce film !