Le monstre n'est pas celui qu'on croit
Film bouleversant, marquant. A travers l'histoire de John Merrick est ici dépeinte toute la méchanceté humaine. David Lynch ne fustige pas expressément l'intolérance, il ne prend jamais position mais place le spectateur face à lui-même ; l'œuvre agit ainsi comme un miroir présentant un reflet particulièrement sombre de l'humanité, donc de soi. Chaque scène "parle" au spectateur et le touche au plus profond de lui. Lucide, le réalisateur semble dire à chacun : "Vois comment tes semblables traitent l'un des leurs à cause d'une simple différence physique. De quel droit se permettent-ils de faire cela ? Comment peuvent-ils se montrer aussi indignes ? Que ferais-tu dans pareille situation ?".
Rares sont les œuvres propices à la réflexion. Celle-ci EST une réflexion à part entière, autour de la différence, de la crainte qu'elle inspire, du rejet qu'elle provoque. Même le "gentil" du film, le docteur Treves, s'interroge sur la nature de ses motivations. A-t-il pour seul but de venir en aide à John ou est-il comme les autres, un curieux malfaisant ? Une certitude émerge : dans cet hymne à la tolérance et au respect de la différence, le sort de John Merrick ne peut laisser indifférent.