Là Merrick, là Merrick, je veux l'avoir et je l'aurai !

[LEGERS SPOILS]

Joe Dassin était-il un visionnaire, ou bien David Lynch s'est-il tout simplement inspiré de cette fameuse chanson de 1970 au moment de tourner le film Elephant Man ? En lisant ce qui suit, vous vous apprêtez à ne pas avoir de réponse à ces questions. Alors si vous voulez toujours ne rien apprendre, accrochez-vous pour cette balade inutile !

A LYNCH TO THE PAST
Pour nous narrer cette histoire émouvante, tirée d'un fait réel survenu durant l'époque victorienne, Lynch choisit le Noir & Blanc, exercice ô combien périlleux, mais incroyablement maîtrisé le cas présent ! La photographie est sublime. Londres est magnifique, la révolution industrielle est en marche, et elle est fort bien retranscrite à l'image. Et quoi de mieux pour accompagner un si beau visuel, qu'une bande son inoubliable (sans Ocarina), composée notamment du fameux "Adagio for Strings" de Barber ?

C'EST A MON TOUR, D'Y VOIR !
John Merrick (dont le véritable prénom est Joseph) est né avec d'impressionnantes difformités. Très vite relégué au rang de "bête de foire", il deviendra le gagne-pain de Bytes, jusqu'à ce que le Docteur Frederick Treves le rencontre, et décide de l'étudier et d'en prendre soin. Peu à peu, une amitié va naître entre l'homme au physique singulier, et son médecin, qui contrairement à l'entourage de Merrick, est persuadé de son intelligence et de sa capacité à vivre presque normalement. Les apparences sont souvent...trompeuses oui. Ce qui nous ramène à mon titre, qui résume le "à toi à moi" auquel vont se livrer Bytes et Treves, le premier voulant récupérer sa source de revenus, le second souhaitant avant tout assurer le confort et le bien-être de son nouvel ami.

EVERYBODY HURT, SOMETIMES, EVERYBODY CRIES
Les acteurs sont tous épatants de justesse. John Hurt est terriblement touchant, il est sans doute celui qui ressemble le moins à un homme dans le film, mais il demeure le plus humain d'entre tous. Anthony Hopkins dégage une classe folle, et joue sa partie avec une sobriété et une retenue qui forcent le respect. Il a clairement bien appris son texte, et n'est décidément pas un "lecteur à dix balles"...

Sous ces apparences horrifiques, en trompe-l'oeil, Lynch signe pourtant avec Elephant Man une oeuvre bouleversante, un classique à voir, et à revoir, pour peu que vous ayez assez de courage pour le faire. Dans le domaine du jeu des performances, Hopkins est victorien. Hurt est victorieux.
Gothic
9
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le 16 oct. 2013

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