Le Dr Treves arpente les rues sombres et sales du Londres du XIXe siècle et se rend à une foire de monstres. Lorsqu'il voit la première fois la créature, la caméra reste sur le docteur, le regard ému et bouleversé. Puis, lors d'une assemblée générale des scientifiques, Elephant Man nous est caché par un rideau, seul son ombre est visible et les réactions et visages de l'assemblée nous informe de cette créature. Plus tard, une jeune femme vient apporter le déjeuner au patient malade. Elle ouvre la porte sachant qui est dans la pièce et pousse un cri effroyable. Voici, John Merrick.
C'est un film sur la tolérance, sur les apparences, sur l'humain, du plus détestable au plus extraordinaire. Oui. Mais, c'est avant tout un film sur le REGARD. Regard compatissant du Dr Treves, regard possédé de Mr Bytes, regard aimant de Mrs Kendall, regard bouleversé de Mme Treves, regards dégoûtés des voyeurs et regard du spectateur.
David Lynch le comprend parfaitement bien. Toute la mise en scène est basée sur les visages des personnages, sur leurs yeux, sur leurs comportements vis à vis de John Merrick. La créature, le monstre, l'éléphant sont des noms qu'ont attribué les autres. John Merrick , lui, se considère comme un humain parce qu'il est. La scène de la gare reste à mes yeux l'une de mes scènes préférées au cinéma.