J'en conviens, ce titre est bateau mais il résume parfaitement la pensée qui ressort du film.
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans la réalisation de Lynch, c'est le début : notamment la tension qui se dégage, l'aura presque mystique qui émane de celui qui se fait à ce moment précis nommer Elephant Man.
Cela monte crescendo, il est présenté comme un monstre tellement repoussant qu'il en trouble l'ordre public, on l'aperçoit brièvement au travers d'une ombre devant un feu, un être presque issu des enfers, puis avec sa cape et son masque tous deux emblématiques qui en font un être mystérieux, taciturne, pour enfin le découvrir par les yeux de l'aide soignante avec son cri d'effroi, strident qui renforce le choc qu'à la fois elle mais aussi nous les spectateurs subissons à la vue de cet être.
Ce qui est d'autant plus admirable, c'est que lorsque l'on aperçoit pour la première fois le "freak" il est presque nu dans son lit, la couverture remontée, apeuré et encore plus choqué que nous ou encore l'infirmière. Il est un être humain, faible mais qui se révèle être une personne particulièrement intelligente, sensible, amateur d'art. Il est John Merrick
Ce qui ressort aussi de ce film et qu'il est intéressant d'évoquer, c'est la fascination que les simples mortels ont vis à vis de John, ça en devient une sorte de fétichisme. Ces individus qui vont de son "détenteur" au cirque qui l'utilise comme gagne pain, au directeur d'un hôpital reconnu pour s'attirer la sympathie de la famille royale en passant par l'illustre médecin Frédérick Trèves subliment joué par Anthony Hopkins qui s'en sert pour se faire mousser auprès de ses homologues.
John Merrick révèle à l'instar de l'anneau unique, les facettes sombres des hommes, finalement il se révèle plus humain que tous ceux qui l'utilisent pour atteindre des objectifs individualistes. Il ne quitte jamais réellement sa caravane de cirque, il reste un phénomène de foire peu importe le statut et les actions (même qui ont l'air honnêtes) de la personne en face.
Ce film est exceptionnel, il fait ressortir toute sorte d'émotions de la peine, de la colère, du dégoût, de la haine, de la compassion et de la tristesse. Surtout de la tristesse. Triste constat de la nature humaine. C'est semble-t-il l'âme qui détermine la beauté d'une personne et qui peut déterminer la monstruosité de chacun. C'est à nouveau sur une phrase bateau que je conclus mon ressenti sur ce chef d'œuvre de David Lynch.