Elève libre est un film étrangement scindé en deux.

La caméra de Joachim Lafosse dans un premier temps ne lâche pas Jonas (Jonas Bloquet). Il est quasi' de tous les plans. Et même lorsqu'il commence à quitter le champ, la caméra le rattrape constamment. Il est l'objet d'attention du cinéaste. D'emblée, on comprend que le film est pour lui et ne parlera que de lui. Il est ce jeune adolescent négligé par ses parents, incompris par son grand frère, largué scolairement, stressé dans un match de tennis, assailli par les doutes quant à ses premiers rapports sexuels avec la jeune Delphine (Pauline Etienne) qu'il aime ou croit aimer. Il est tout simplement paumé. Et c'est avec un parfait équilibre sur un terrain extrêmement glissant que Lafosse pose son regard. Il questionne, il évoque. À travers la figure pseudo-paternelle de Pierre (Jonathan Zaccaï) il dérange jusqu'à fasciner.

Un équilibre fragile qui soudainement et sans raison apparente se voit brisé. Le personnage de Delphine passe inexplicablement aux oubliettes, le scabreux prend place à la troublante atmosphère des débuts, et la fin du long métrage arrive brutalement, avec des questions en suspens, avec des personnages laissés dans une tourmente qui ne s'explique pas. Comme si la volonté de déranger avait eut plus d'importance que l'envie de finir la belle histoire qui nous était contée. Le malaise est donc bel et bien là, efficace, et le thème de la transgression adroitement mis en abîme. Jusqu'à ce que le cinéaste oublie qu'à parler des limites de la transmission, il en est qu'il aurait dû se fixer dans sa mise en scène.
Kelemvor
5
Écrit par

Créée

le 5 janv. 2015

Critique lue 698 fois

2 j'aime

Kelemvor

Écrit par

Critique lue 698 fois

2

D'autres avis sur Élève libre

Élève libre
Foxart
9

Pédo-gogie appliquée

Que les dieux du cinéma me pardonnent, pour traiter d'un film aussi profondément et spécifiquement humain que Elève libre de Joachim Lafosse, je n'ai guère trouvé mieux que d'employer des métaphores...

le 8 août 2014

6 j'aime

Élève libre
mymp
8

50 nuances de Jonas

Jonas a 16 ans, est en échec scolaire et sportif (il vient de manquer les sélections nationales de tennis). Pris en charge par Pierre, Didier et Nathalie, amis trentenaires de sa mère, Jonas décide...

Par

le 6 nov. 2013

4 j'aime

Élève libre
SandV
7

Critique de Élève libre par SandV

Depuis mai 68, la société s'est de plus en plus libérée des conventions. Le sexe, la philosophie libertaire, le libre examen... la connaissance vient désormais de l'expérience et l'humour cynique est...

le 26 sept. 2010

4 j'aime

Du même critique

X-Men : Apocalypse
Kelemvor
4

Ou l'art de conseiller un bon opticien

SensCritique, parfois, tu m'étonnes. Tu m'étonnes parce qu'à l'heure où j'écris ces lignes, tu octroies la note de 6,4 à X-Men : Apocalypse. Alors certes, 6,4 sur plus de 2600 notes en l'espace de...

le 24 mai 2016

35 j'aime

29

Jurassic World
Kelemvor
3

Tequila World : Récit d'une nuit riche en idées

The Rooftop Bar, Downtown LA, 8H23 p.m., 13 mars 2013. Hey, bonsoir monsieur Colin ! Salut Moe. Une Tequila s'il-te-plait. Tequila ? Comme ça, direct ? Vous avez des soucis au boulot ? Y vous font...

le 19 juin 2015

35 j'aime

17