Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Isabelle Hupert malgré son talent d'actrice se retrouve bien trop souvent dans ce rôle de femme froide, et objet de fantasmes à tout va. Paul Verhoeven en profite pour exacerber le propos. Quelle est sa ligne ici ? Un attrait de la victime pour son bourreau ? Une vengeance qui se met en place ? Quel rapport entre l'histoire du père, psychopathe ? A aucun moment on ne situe de lien. L'humour pour le personnage de la voisine, qui est une croyante accomplie, ne fait pas mouche pour deux ronds...L'ironie qui se veut acerbe sur le final qui fait état de sa connaissance de la situation : pour signifier quoi ? l'ironie du sort ? Le fils et la belle fille, et la problématique du "qui" est le père de l'enfant...quel est finalement l'intérêt de ses multiples croisements ?
Un film bien français aussi dans ses travers par ses récurrences : des gens aisés, qui se rencontrent et boivent du vin en philosophant et se congratulant les uns les autres, installés confortablement dans leurs vies sociales et professionnelles, et en proie aux questions existentielles par le biais de tromperies et actes sexuels multiples et variés. Les attirances des uns et des autres polluent l'intrigue.
Pourtant la mise en scène pour ce film lent est maîtrisée et assez prenante, de belles ambiances, de beaux plans, de belles couleurs pour appuyer ce que souhaiterait nous proposer Verhoeven mais en vain. Trop de choses se greffent dans des allers retours de situations inutiles (la scène des volets qui claquent par exemple) et de longueurs époustouflantes- avec des ambiances humour noir qui nous rappeleront un peu Chabrol. C'est sympatique mais fade.
Une ou deux scènes plaisantes : sur son "rêve" lorsqu'elle se revoit être agressée...et celle des achats "self défense". Mais on se désole de la construction et de cette histoire qui finalement n'apporte aucune réflexion. Tous les acteurs sont clichés, les voix sonnent faux, les dialogues comme récités et bien peu de suspense. Les clins d'oeil au cinéma américain, vous donnera le nom de l'agresseur très rapidement. Ce n'est pas gênant en soi si la suite se concentre sur les rapports de ces deux personnages. Mais de la relation qu'entretiennent l'héroïne et son agresseur, rien ne nous laisse entrevoir l'évolution de Michèle. Dans son jeu identique du début jusqu'à la fin, ce ne sont que les situations qui arrivent qui en apportent la résolution. Le metteur en scène ne nous propose qu'une semi romance glauque et malsaine qui ne trouve pas d'appui. On ne perçoit ni le thriller, ni le drame social, De victime à prédateur on attendra longuement que cela décolle pour une fin bien plate.
Et malheureusement si ce film se veut un hommage aux femmes il rate le coche en en faisant des marionnettes grimaçantes.
On y aurait gagné à plus de crudité franche.
On est loin de certains films de Paul Verhoeven. Notamment dans la "chair et le sang" où il est question également du thème de la vengeance d'une victime pour son bourreau. Jennifer Jason Leigh et Rutger Hauer sont retranscrits à la perfection dans cette ambiguïté malsaine.
Créée
le 8 oct. 2016
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