Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Enfin !!! Enfin !!! Un putain de bon film français en 2016 ! Je désespérais sérieux ! C'est vrai que j'ai critiqué de bon films français mais ils étaient soit super-moyen (Braqueurs), soit ayant un sympathique potentiel (Chocolat) et j'étais prêt à élire Dofus comme meilleur film français de 2016 (comme l'an dernier où c'était Avril et le Monde Truqué et en 2014 où c'était Astérix : Le Domaine des Dieux, ouais 2 films d'animations, il y a pas de quoi être fier). Alors quand j'ai appris que Paulo allait réaliser un film chez nous je me suis précipité au cinéma. Et finalement je n'ai pas été déçu !
Ce film est génial à ce point ! Bon de la part de Paulo c'était logique. Mais un film avec les bons vieux codes qui faisaient la joie du cinéma français (avant que notre cinéma abuse des mêmes mimiques périmés depuis Mesrines). Déjà la construction est intelligente qui nous balance directement dans le cœur du film sans même nous avertir. Cela aurait pu être brutal mais non car il nous invite à décortiquer le pourquoi du comment. Et puis c'est Paul Verhoeven; faire une réalisation vraiment angoissante avec une photographie très sombre. La musique est très bien employée et donne une atmosphère vraiment tendue tout le long. Mais par dessus tout ce sont les personnages qui sont bien traités.
Michèle LeBlanc (joué par Isabelle Huppert) est ...comment l'expliquer...effrayante. Elle est la victime mais c'est une femme qui en apparence ne se laisse pas démonter et est quasi-mal aimée de son entourage. Elle s'entend très mal avec sa famille, voit d'un mauvaise oeil sa belle fille et est assez dictatoriale avec ses employés. Les seuls qui la "tolère" sont sa meilleur amie, son ex-mari et le compagnon de sa meilleur amie (qui veut coucher avec elle). En même temps avec son franc parler et il s'agit d'une blessée de la vie, qui commettra 2 "meurtre" dans le film (oui je dis meurtre entre guillemet"). Autre chose et cela va plaire aux gamers, elle incarne une directrice de boite de création de jeux vidéos. Et pour une fois, ce n'est pas comme dans Gamers ou d'autres films qui voient le jeu vidéo comme un loisir pour gosse. Malgré le faite que son métier soit assez secondaire à l'intrigue et sert plus que de décor, il est abordé vraiment de manière bienveillante et elle pense à la fois de manière artistique et commercial. Et ça c'est fort.
Patrick (Laurent Laffite) est lui aussi un personnage assez marquant. C'est le voisin de Michèle marié à Rebecca (on va y venir) avec qui elle a une tension sexuelle assez voyante. Mais qui va prendre une tournure inattendue.
Rebecca (Virginie Efira) est un personnage que j'aurai pu dire qu'il s'agit d'un cliché de bonne femme catholique au premier degré voir même exagérément dans le film, mais vu le ton dont le film adopte, c'est cohérent dans la mesure où elle est presque le seul élément de sincérité et de normalité dans un océan de non-dit et de non-sens (en plus c'est l'un des rôles les plus intéressants de Virginie Efira depuis ... bah...la série Kaamelott, non les 2 autres films de cette année on peut oublier et 20 ans d'écart...bof)
Anna (Anne Consigny, euh...merci casting !) est un personnage que je qualifierai de soutien et sa meilleur amie (et Paulo oblige elle ne va pas rester simple amie bien longtemps, même si ce n'est pas explorée plus que ça. Mais en même temps, il n'y avait pas besoin)
Richard (Charles Berling) est son ex-mari qui la connaît trop bien et qu'elle l'a quitté parce qu'il avait frappé (oui je spoile un peu). Mais c'est l'un des rares avec Anna qui la connaît et la tolère avec sincérité (malgré les crasses qu'elle lui inflige)
Vincent (Jonas Bloquet) est un personnage tellement ridiculement naïf que cela en est magnifiquement drôle. C'est un grand enfant qui veut se prouver qu'il est un adulte alors qu'il est clair qu'il n'en a pas l'étoffe, malgré les conseils de Michèle. Il est en couple avec Josie (Alice Isaaz ) qui tient le couple. Cela dit, je n'ai pas compris comment les 2 finissent à la fin. Ouais, bizarre
En parlant de grand enfant on a aussi la mère Irène (Judith Magre). Couguar au premier degré. Elle ne s'entend absolument pas avec sa fille et veut épouser son Toy Boy Ralph (Raphael Lenglet) et qui ne se cache même pas en plus
Sinon le reste des personnages ne sont pas vraiment importants. On a la compagne de Richard Hélène (Vimala Pons), Kurt (Lucas Prisor) le créateur de jeu vidéos, le programmeur Kevin (Arthur Mazet) etc...
Le film dans son histoire montre le quotidien de Michèle et la manière dont elle aborde son viol. Déjà on pourrait croire au premier degré qu'elle dédramatise. Mais en regardant d'un peu plus près non. Le film montre qu'elle a subit bien des souffrances et que ce viol, malgré la gravité ne l'affecte pas plus que ça. Elle s'est forgée un carapace qui la rend imperturbable. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle se désintéresse. Elle veut trouver son agresseur tout en remettant en place son univers entre les non-dit, les vérités cachées ou trop évidentes pour être dite etc. Le fait qu'on la suive fait qu'on s'attache au personnage. Le meilleur dans tout ça ? On n'attend pas la fin du film pour connaître son agresseur. Et là le film change complètement. Elle joue une partie de chat et de souris avec lui afin de comprendre ses motivations et malgré tout, elle se rend compte que son jeu est de plus en plus malsain et sa manière de vivre lui est moralement préjudiciable. Mais là où je pense que c'est une déception, la fin du film. Là par contre, je trouve ça dommage qu'elle soit clichée par moment
Entre le fils qui arrive comme par hasard pour la sauver et le fait qu'il se remet en couple comme ça avec son ex-compagne...ok, il s'est passé quoi entre-temps ?
Sérieux, tu y étais presque ! Et tu chutes à la fin , Paulo ! Tu as réussi à redistribuer les cartes de ton récit mais la fin n'est pas si correcte que ça. Malgré une bonne mise en tension et son happy ending plutôt sympathique.
Bref, ce film est excellent, avec une réalisation incroyable, une mise en scène réfléchie, des personnages globalement bien traités et une histoire bien racontée, à part quelques clichés évitables. Paul Verhoeven est de retour et ça fait mal. Donc question : Il s'est passé quoi à Cannes ?
Version fun de la critique ici
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le 1 juin 2016
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