Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Un grand ovni cinématographique signé Verhoeven en langue française. D’un réalisme étonnant parfois proche du grotesque à certaines scènes, le film s’apprécie d’abord avec curiosité puis grâce à une complicité floue de plus en plus grande entre le spectateur et l'image. Que dire de ce film ? Eh bien à la fin de la séance, on est surpris positivement du spectacle auquel on a assisté.
Alors qu’elle est seule, Michèle se fait violer dans sa propre maison. Femme à poigne dans son quotidien de patronne, cet épisode traumatisant réveille en elle des souvenirs liés à son passé mais aussi un sentiment d’insécurité. Sans en parler aux autres, elle décide de retrouver le coupable qui fait partie vraisemblablement de son entourage. La véhémence de l’acte du viol pourrait être une solution facile de scénariste pour nous parler de la faiblesse corporelle de Michèle et des personnes traumatisées. Le long-métrage profite de la touche Verhoeven qui va au-delà des choses, des apparences. Derrière l’insécurité, le film aborde de manière intéressante la notion de désir, pulsion incontrôlable qui nous façonne en tant qu’Homme, et qui nous enlève notre beauté comme l'affirmait certaines œuvres. Toutefois, ce n’est pas la mise en scène propre et l’image nette qui nous tendent vers cette laideur.
Ainsi, sans caricaturer, le film dit beaucoup grâce à des images d’abord banales puis crues. Le mélange des deux est à l’origine de ce que représente ce film si décalé. Ce long-métrage n’est pas un thriller érotique comme l’était Basic Instinct mais plutôt un thriller psychologique purement pervers dans lequel le sexe est omniprésent. Le sexe d'ailleurs fait l'objet d'un décalage subtil mais par moment angoissant.
Au lieu de s’intéresser traditionnellement à l’intériorité d’une galerie de personnages, Verhoeven s’y prend de manière implicite par des indices dans les images. Des regards perçants mais discrets et surtout des silences qui parlent plus au spectateur que les banalités évoqués par les personnages dans la plupart des scènes. Tout ce film est un vrai spectacle qui nous éloigne de l’apparence des êtres pour nous dévoiler leur vraie figure. Sa façon de dépeindre l’étrangeté de chacun plaît et envoûte dans cette ambiance extrêmement tordue. Le film aborde tous les tons dont la comédie et en particulier le décalage qui en résulte autrement dit le second degré.
(voir la scène de l’annonce du viol ou l’ultime scène)
Le spectateur croit se faire balader avant de prendre un recul tout comme le fait Michèle pour voir la face cachée des gens qui nous entourent (nos collègues, nos voisins, notre famille). Même si la pâleur faciale de Michelle fait contraste avec le reste, notre personnage n’est surement pas différent de ses congénères. Et sa normalité apparente représentée par son indifférence des choses ne la rend évidemment pas « innocente ».
Un long-métrage vraiment original avec un excellent montage et doté de morceaux venants et revenants qui contribuent à un effet tordue et dérangeant. Le casting en tous les cas les premiers rôles a été très bien choisi mettant en avant le rire côtoyant l’embarras, la honte et la violence. Tous ces sentiments résument ce qu’on voit mais aussi ce qu’on ressent. Une expérience obscure bien ébouriffante !
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Créée
le 31 mai 2016
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