Le « road movie » made in France reste un genre confidentiel, voire mineur, exception faite de « Sans toit ni loi » ou encore « Papa ». Il y avait tout à craindre autant qu’à espérer de « Elle s’en va » de Emmanuelle Bercot. Le film est une belle réussite. Même s’il repose principalement sur la présence et le jeu de Catherine Deneuve, on y trouve toutefois plein d’autres raisons de se réjouir. A commencer par son petit côté désinvolte. Bercot bouscule l’image de son actrice d’abord mais aussi elle piétine gentiment préjugés et idées reçues tant au niveau scénaristique que dans sa mise en scène à la limite « bricolée » mais rattrapée par une bonne dose d’humour, entre sarcasmes et situations cocasses. Mais ce qui prévaut c’est surtout cette fraicheur, cette presque candeur, constante tout au long de ce périple et qui nous fait oublier cette fin un peu « bisounours ». Et bien sur, comme déjà évoqué plus haut, l’atout majeur de « Elle s’en va » est Catherine Deneuve. Elle campe Betty (rôle presque parabolique à sa propre vie) avec une humanité, un détachement et une finesse de jeu extraordinaire, c’est sans doute l’un de ses plus beaux rôles. On pourrait l’interprêter comme un chant du cygne, mais Catherine Deneuve, magistrale et impériale nous réserve encore bien de belles surprises pour les 20 ou 30 ans à venir…