En grande partie, les critiques écrites pour ce film peuvent se résumer à "un film godarien, tant littéraire qu'il en devient incompréhensible." et pourtant la clé de compréhension du film est offerte par Edgar, le protagoniste, lorsqu'il dit "Je ne vous ai pas dit "regarder" je vous ai dit "écouter"".
Eloge de l'amour (de quelque chose) est un film qui s'écoute, qui l'on comprend lorsqu'on entend mais c'est vrai, même lorsque Godard donne la clé, même lorsqu'il fait un film clair, un Godard reste un Godard. Il y a dans ce film des secrets, des mots qui sont ceux du langage personnel, intérieur, de Godard. Et puis il y a, comme toujours avec le réalisateur, des choses que l'on comprend que si on en a l'envie, plus précisément: si le film, plan par plan, reste dans notre mémoire. Il est d'ailleurs dit dans le film qu'il n'y a pas de devoir de mémoire mais un droit.
Alors, si en bon citoyen Godarien vous laissez votre mémoire s'impregner, vous y verrez des beaux mots, de grandes paroles. Comme ce plan où, devant un cinema, deux films sont affichés: Pickpocket (Bresson) et Matrix. Plus tard, des années plus tard même (une autre histoire de mémoire) Pickpocket est toujours là, Matrix est remplacé.
Puisqu'un film qui reste est un film qui s'ecoute, Pickpocket est un film qui s'ecoute.
Et il y a aussi beaucoup de choses à entendre dans Éloge de l'amour.