Le cinéma espagnol ne s'est sans doute jamais autant conjugué au féminin qu'en cette année 2023. La liste de réalisatrices actives est riche avec des titres comme 20 000 espèces d'abeille, Les filles vont bien, Un amor, Creatura, Els encantats. Dans ce dernier cas, il faudrait plutôt parler de cinéma catalan, d'ailleurs, pour une histoire qui part de Barcelone avant de migrer durablement vers un hameau pyrénéen où se réfugie son héroïne, Irene, alors qu'elle vient de changer de vie, après une séparation et un déménagement. Ce retour aux sources, nécessaire pour recharger des accus à plat. La caméra d'Elena Trapé ne quitte pas une seule seconde Irene, seule face à la nature, plongée dans ses souvenirs, au contact d'amis de passage ou encore, assez souvent, au téléphone avec son ex-conjoint et sa fille. Au demeurant, rien de saillant n'arrive dans Els encantats si ce n'est que l'on y voit une femme au bord de la crise d'angoisse, dont toutes les certitudes d'avenir ont pris l'eau. Aucune indication n'est donnée sur le le métier qu'exerce Irene, dont seul l'état psychologique semble intéresser la réalisatrice. Un manque volontaire dans un film qui parvient à retenir l'attention par la sobriété de sa mise en scène et, surtout, la qualité d'interprétation de Laia Costa, révélée en 2015 par Victoria et qui excellait également dans Cinco Lobitos, en attendant le prochain long-métrage d'Isabel Coixet.