Cette année, le cinéma allemand revient en force sur son passé. Après le nébuleux « Phoenix », et l’excellent « Le labyrinthe du silence », voici une troisième approche du conflit 39/45, en focale, l’histoire de Georg Elser, héros résistant reconnu sur le tard qui a fomenté seul l’attentant contre Hitler, du 8 novembre 1939.
C’est un retour aux sources au niveau inspiration pour Oliver Hirschbiegel, qui avant une période calamiteuse aux States (rien que « Invasions » en 2007 justifie le vocable) avait signé en 2004 un film d’une rare puissance sur la chute du 3ème Reich, « La chute ». Si avec « Elser, un héros ordinaire », Hirschbiegel ne retrouve pas ce niveau d’excellence, il porte un film habité, généreux, faisant la part belle une fois encore à l’interprétation.
Car le premier trouble que l’on ressent vient de l’étonnante ressemblance entre Georg Elser et Christian Friedel (ô combien admirable dans son rôle). Mais cela ne suffit pas pour autant à rendre un film crédible. C’est sans doute pour cela que Fred et Léonie-Claire Breiersdorfer, scénaristes ont effectué au préalable un travail de recherche minutieux, collant au plus près de la réalité, sans pour autant trop extrapoler. La structure narrative repose sur les scènes d’interrogatoires, auxquelles viennent s’ajouter des flash-back du passé de notre héros. Ce principe utilisé déjà très largement au cinéma est sans doute l’un des points négatifs du film. A vouloir ne pas trop en montrer, aucune scène n’est réellement insoutenable (ce qui est un bien du reste) puisque césurée par des souvenirs « plus heureux, l’intensité hautement dramatique se trouve comme entravée. A l’écran, privilégier l’homme plutôt que le héros, amoindrie de fait la portée de son acte. C’est le reproche que l’on pouvait faire déjà à « Insoumis » de Mathieu Denis, sorti également cette année et dont les sujets sont très proches.
Mais, « Elser, un héros ordinaire » reste toutefois un excellent film. La direction artistique est irréprochable de par la reconstitution de cette période d’avant guerre en Allemagne, la photo, les décors, les costumes et les accessoires sont extrêmement soignés. Les plans retenus par Hirschbiegel sont également saisissants, ses cadrages sont au plus proche de l’action et s’il suggère bien plus qu’il ne montre, le résultat est bien là. L’hommage à ce jeune homme libre est profondément touchant et très respectueux.