Sans faire partie des fans inconditionnels qui considèrent le film comme étant totalement culte , je garde une vraie sympathie pour cette comédie horrifique joyeusement bis de la fin des années 80. Le film qui accuse plus de trente ans au compteur est entièrement construit autour du personnage hors normes d'Elvira, une maîtresse de cérémonie de la télévision américaine qui présentait des films de série Z et des monsters movies .dans le show Elvira's Movie Macabre
Dans Elvira Maîtresse des Ténèbres nous allons donc suivre le personnage alors qu'il tente de récupérer un héritage inespéré qui pourrait lui permettre de réunir assez d'argent pour se produire à Las Vegas. Elvira débarque alors avec toute son exubérance gothique et son fort potentiel érotique dans une petite ville ultra conservatrice et réactionnaire des Etats -Unis.
Elvira est une comédie qui revendique de se nourrir aux mamelles du cinéma bis délibérément kitsch et de la comédie grivoise un poil beauf et pas trop subtil, du coup si le film est parfois assez lourd dans son humour il l'assume avec la même générosité que Elvira assume sa poitrine. C'est la comédienne Cassandra Peterson qui incarne Elvira et lui donne toute son énergie comique, son exubérance provocatrice, sa gouaille généreuse et ses atouts de bimbo gothique entre Morticia et Vampirella. Si le film joue beaucoup sur les charmes de la comédienne et par extension du personnage très érotisé à l'écran, on est pourtant assez paradoxalement assez loin du pur film d'érotomane misogyne et fétichiste. La force du film et de son personnage est même de montrer une femme libre, libérée et provocatrice dont les atouts fièrement mis en valeurs ne doivent jamais devenir un prétexte à se faire emmerder par des lourdauds obsédés. Car un quart de siècle avant le mouvement Me too , Elvira envoie joyeusement balader un gros porc de producteur, un psychopathe libidineux ou un agent immobilier pensant que sa plastique généreuse constitue à elle seule une invitation à la bagatelle.Par le biais d'un pur divertissement un peu crétin le film de James Signorelli est un vrai pavé militant tant à la cause des femmes qu'à la liberté au sein d'une Amérique toujours aussi conservatrice et pudibonde. Car en plus de son statut d'icône du Girl power , Elvira s'attaque aussi aux culs bénis adepte des bons préceptes moraux mais toujours prompt à brûler les hérétiques aux bûchers.
Elvira Maîtresse des ténèbres résiste donc plutôt bien au temps qui passe et conserve plus de trente ans après sa sortie toujours la même puissance idéologique. Les gags ne font pas dans la dentelle, l'humour est très orienté vers le sexe mais dans l'ensemble le film passe plutôt bien et se regarde au second degré avec un large sourire aux lèvres.A noter pour l'anecdote qu'on trouve dans le film la réplique et la vanne du "juste un doigt" qui sera repris par Les nuls avec La cité de la peur. L'aspect plus fantastique du récit arrive sans doute un peu trop tardivement dans l'histoire et c'est une déception d'autant plus grande que le film lorgne du côté du meilleur du genre comme La famille Addams ou Beetlejuice et que l'hommage aux cinéma Bis à la Corman et aux série Z aurait pour le coup mérité d'être un poil plus appuyé.
Elvira reste donc une très bonne comédie légère en surface mais loin d'être totalement conne dans son sous texte. Quant à Elvira (Cassandra Peterson) elle a réussi en l'espace d'un seul et unique petit film à devenir une icone de la pop culture et une figure emblématique d'un militantisme joyeux, libertaire et badass du Gril Power qui crache à la gueule des imbéciles machistes et des coincés du fion l’exubérance érotique de sa splendide et provocatrice féminité.