Elvis – Comment dévitaliser ses propres légendes !
Depuis le succès retentissant de Bohemian Rhapsody, quoi qu'on pense de la réussite du film, Hollywood enchaîne les biopics clinquants à vitesse grand V ! Elton John avec Rocketman, Aretha Franklin avec Respect, Billie Holiday, celui de Whitney Houston qui arrive en fin d'année. Il restait quand même l'une des plus grandes idoles américaines, celui qui a redéfini la pop culture moderne et changer l'industrie du spectacle musicale, The King Elvis.
On suit donc Elvis de sa jeunesse jusqu'à sa prison d'or à Las Vegas et sa mort, mais aussi comment son manager, le Colonel Parker, va s'accaparer le rocker et dicter sa vie pour le meilleur et surtout le pire.
Car le film Elvis est séparé en deux parties. La première est totalement folle sur l'ascension du jeune Presley et on retrouve le style fou de Lhurmann. La caméra virevolte dans tous les sens, les scènes musicales ont une énergie et une folie sublime et entraînante, portées par Austin Butler habité dans le rôle d'Elvis.
On est pas loin du clip show par moment (séquence uniquement musicale), mais la reconstitution des années 50, couplé à la modernité de la mise en scène du réalisateur offre au film un spectacle jouissif.
Mais c'est dans sa deuxième partie que le film prend tout son sens. Piégé à Las Vegas par son manager, Elvis ne peut que faire son show devant de riches Américains, s'évaporant ses rêves de tournées dans le monde. Car Elvis dans la fin de sa vie, n'est plus un chanteur, c'est une icône, une légende, mais surtout, c'est devenu un produit américain que l'on consomme.
Car le vrai personnage principal, c'est finalement le Colonel Parker, business man dans le divertissement, qui va profiter d'Elvis comme jamais un artiste ne l'avait encore été.
En créant tout un marketing autour du chanteur, des produits dérivés allant de l'oreiller, à la brosse à dents, le film porte un regard critique sur le système hollywoodien et sa capacité à exploiter jusqu'à la moelle un artiste, une franchise.
Dévitaliser ses propres héros, voilà ce que l'Amérique a fait d'Elvis, coincé dans Las Vegas, la ville de tous les vices du pays, le chanteur perd alors ce qu'il était, un artiste, pour devenir un divertissement comme un autre, que l'on regarde avec du champagne. Le film offre aussi d'ailleurs un historique passionnant sur les États-Unis à cette époque et comment The King a contribuer à changer la pop culture en introduisant dans le milieu « bourgeois et blanc » américain une culture plus afro-américaine. Sa grande influence pour le gospel et la musique afro-américaine n'est jamais évité et est aussi au centre du film (notamment de la première partie).
Elvis est donc un film beaucoup plus politique qu'un simple biopic avec néanmoins des séquences musicales assez spectaculaires et un duo d'acteurs fabuleux.
Un grand film à la hauteur de la légende !