La vie et l'œuvre musicale d'Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker, narrateur de l'histoire d'Elvis.
Elvis est un biopic musical de Baz Luhrmann de 2022.
Le film s'appuie sur le récit de son mystérieux manager, le colonel Parker.
A priori, Elvis se situe en dehors de mes centres d'intérêts musicaux. Trés bien vendu par une bande annonce efficace, j'ai décidé d'aller voir ce biopic musical, je ne le regrette pas.
Trés jeune, Elvis est nourri de blues, de musique gospel et de country, il adore écouter les musiciens noirs de son quartier pousser la chansonnette, avec tout ce qu'ils ont dans le ventre.
Repéré alors qu'il fait une première qui suscite l'hystérie des jeunes femmes de la salle grâce à ses déhanchements répétés, Parker l'aborde et le signe comme producteur exclusif. Il lâchera tous ses autres artistes pour s'occuper exclusivement d'Elvis.
Etait il le manager dont le jeune Elvis, confiant et naif, avait réellement besoin?
Musicalement, le jeune Elvis Presley explose les ventes. Sa voix de velours et les arrangements de ses morceaux séduisent une grande partie des américains. Il doit cependant partir effectuer son service militaire en Allemagne alors qu'il rêve qu'Hollywood va lui ouvrir les bras en tant qu'acteur...
Doutes et traversée du désert
Il perd sa mère, ce qui le fragilise. Il rencontre Priscillia avec qui il aura une petite fille mais sa carrière ne tourne pas comme il veut, le colonel âpre au gain veillant à l'utiliser pour des opérations publicitaires rentables et lamentables (Chansons de Noêl, pull de Noël) , plutôt que chercher à le faire progresser artistiquement.
S'il est une bête de scène, Presley n'est pas auteur compositeur, il n'a aucune indépendance artistique et sa carrière tourne en rond. Au cinéma, la greffe ne prend pas. Après un silence de 7 ans, il revient sur le devant de la scène suite à quelques émissions populaires durant lesquelles il démontre toujours qu'il est toujours un redoutable showman.
Prison dorée à Las Vegas, peine incompressible
Parker veut le garder loin des influences extérieures qui commencent à se manifester. Il accepte un contrat mirobolant pour chanter exclusivement Westgate Las Vegas Resort & Casino, permettant sans le savoir à Parker d'effacer toutes ses ardoises dans les différents casinos de la ville et d';y disposer d'un crédit illimité. En fait, il est entré sans le savoir dans une prison dorée" dont il ne pourra jamais sortir. Devenu chanteur de music hall, il suscite toujours l'hystérie de femmes mondaines même si elles sont plus plus âgées qu'auparavant. Au fond de lui, il sait qu'il s'est condamné mais ses tentatives de vivre une autre aventure musicale en s'échappant de Las Vegas échoueront, Parker le tient par les cordons de la bourse, il touche déjà 50% de ses gains. Presley entretient Graceland, possède un jet privé et vit dans l'opulence, comme toute sa famille.
Priscillia finira pas le quitter. Drogues, alcools, infidélités, excès en tout genre auront raison du chanteur américain qui a vendu le plus de disques dans le monde. Il succombera à 42 ans d'un arrêt cardiaque dans son domaine de Graceland.
Le colonel Parker
Incarné par un Tom Hanks qui le rend magnifiquement détestable, tellement tout ce qui est artistique lui est étranger, on apprend au fil du film que le colonel parker, aussi gros et laid qu'Austin Butler incarnait un Elvis magnétique et sec comme un coup de trique, n'est pas l'homme qu'il prétend être. Apatride et au passé trouble, âpre au gain, Parker serait dans l'impossibilité de le suivre, il s'opposera toute sa vie à ce qu'Elvis fasse une tournée mondiale. Il lui ferme toute possibilité d'évolution de carrière et de renouvellement musical alors qu'il chante ses standards depuis plusieurs années à Las Vegas.
Musicalement hérétique, Parker, en parfait incompétent qui aurait mérité le bûcher, se laissera même aller à critiquer Led Zeppelin ou les Rolling Stones...."Des hippies et des gauchistes" dixit l'intéressé.
Austin Butler
Le jeune acteur américain interprète avec brio et avantageusement le King. Aidé par son physique lisse et androgyne, il n'a pas trop d'efforts à accomplir pour convaincre le public de sa facilité à séduire son auditoire féminin lors des différentes phases de sa courte vie. Convaincant dans la peau de ce personnage qui avait tout pour réussir mais dont le bonheur est demeuré inaccessible, Austin Butler a probablement marqué des points avec cette superbe interprétation faite de moments de grâce, d'émotions et de rebellion.
Biopic coloré, partial et engagé qui n'oublie pas d'émouvoir le spectateur (notamment lors d'archives montrant un Elvis épuisé et bouffi chanter Unchained melody) et de désigner un coupable en la personne du colonel Parker, Elvis de BL atteint ses objectifs: faire découvrir aux jeunes et aux moins jeunes (Comme votre serviteur) l'histoire en clair obscur d'un des plus grand vendeurs de disques de tous les temps avec 134,5 millions d'albums vendus. Sans compter qu'il influencera nos rockers hexagonaux (Johnny, Dick Rivers ou Eddy Mitchell) mais aussi, après sa disparition, des auteurs compositeurs de rock alternatif comme Nick Cave qui lui rend notamment hommage avec le magnifique titre de John Lee Hooker Tupelo ou Morrissey qui le considèreront toujours comme une influence majeure.
Ma note: 7/10