Que Baz Luhrmann fasse un biopic sur Elvis Presley semble presque une évidence lorsque l'on voit la vie fastueuse que celui-ci menait à la fin de sa vie. La flamboyance de l'univers du réalisateur ne pouvait pas mieux coller avec le kitsch entourant la fin du King. Rien à dire donc sur la décadence de la carrière du chanteur qui sonne comme un film Scorsesien avec la rançon du succès à la fin. On ne s'étonne plus que la musique du King soit allégrement passée à la moulinette des remix modernes en y intégrant même des passages rappés !... Le réalisateur nous a habitué par le passé à son sens de la provocation envers les puristes en tout genre. Mais le plus provoquant dans ce film est clairement le maquillage outrancier au mascara et les costumes efféminés d'Elvis, même dans les flashbacks de son enfance. Faire passer ce symbole de la virilité masculine américaine pour un homosexuel, voilà surement l'ultime affront de Luhrmann envers les fans et peut-être même le chanteur lui-même, qui pourrait bien se retourner dans sa tombe.
Outre cette "vision d'artiste" du personnage, qui a rallié toute la communauté gay autour de ce film (comme tous les autres du cinéaste). Il faut quand même saluer une belle mise en scène et un scénario qui réhabilite le chanteur auprès du jeune public en prenant le parti pris de raconter l'histoire d'un rebelle dans une cage dorée. Plutôt que ses errances artistiques avec le colonel Parker joué par Tom Hanks. Car le film raconte aussi en parallèle l'histoire de ce manager douteux qui a consacré sa vie qu'à la carrière du King.