Killing Zem softly
Cela fait plaisir de revoir Florent-Emilio Siri aux manettes d'un film d'action. Pensez-donc, cela fait plus de vingt ans qu'il nous a livré le formidable Nid de Guêpes, et à peine moins longtemps...
le 17 juil. 2024
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Cela fait plaisir de revoir Florent-Emilio Siri aux manettes d'un film d'action. Pensez-donc, cela fait plus de vingt ans qu'il nous a livré le formidable Nid de Guêpes, et à peine moins longtemps qu'il tentait sa chance aux Etats-Unis en dirigeant l'immense Bruce Willis dans Otage.
Force est de constater qu'il n'a pas perdu la main, le bougre, tant ses empoignades demeurent sèches et bien violentes, dont le paroxysme est atteint dans l'espace confiné d'une caravane dans une explosion de rage démente. La générosité de ces passages ne fait aucun doute et garantit au spectateur ce qu'il était venu chercher.
Mais Siri exige de son spectateur son attention en mélangeant les genres, comme il l'avait déjà fait sur Nid de Guêpes et Otage, et en retenant le plus possible ses coups. Car Elyas épouse longtemps les reliefs du film à suspens en se basant sur les failles de son personnage monolithique. Et là, c'est l'incroyable Roschdy Zem qui nous offre un nouveau visage d'homme taciturne et taiseux qui semble constamment au bord du gouffre. Car on se demande tout d'abord si tout cela a bien lieu, ou s'il s'agit tout simplement de la paranoïa ou des hallucinations d'un esprit en rupture et en plein stress post traumatique.
A la croisée de la détresse de John Rambo, de l'addiction de John Creasy et de la rigidité psychologique adoptée par Robert McCall, Elyas Florès s'anime de la même puissance pathologique tentant de se raccrocher à une humanité mise trop longtemps en sourdine. Comme dans Man on Fire ou Equalizer, c'est une rencontre et un désir de protection de l'innocence qui rallument soudainement la machine de guerre, élément que Florent-Emilio Siri démultiplie en capturant le charisme minéral de sa nouvelle muse.
Dommage que l'apprivoisement de la jeune fille et de son garde du corps soit un peu trop précipité, limitant quelque l'empathie que l'on pourrait éprouver. Que le film se perde un tantinet dans une escale calaisienne en forme de léger ventre mou. Ou encore que Elyas ne joue pas à fond la carte de l'incertitude de la perception de son héros aux pieds d'argile.
Mais il reste cependant toute l'intégrité de Florent-Emilio Siri, qui n'essaie jamais d'imiter les formules modernes du film d'action américain. Au contraire Elyas s'inscrirait plutôt dans une certaine forme française de réalisme, en s'aventurant dans des lieux moins glamour comme un foyer social ou un camp de gitans.
Mais après la belle réussite de Farang l'année dernière, Elyas, malgré ses quelques défauts, demeure sympathique et miraculeusement interprété par un Roschdy Zem tout simplement étincelant qui a tout de la grenade dégoupillée.
Behind_the_Mask, homme en feu qui n'est pas près de faire Florès.
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le 17 juil. 2024
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