Max en a marre de galérer dans le wasteland et décide de se rendre sur Halo.

Nouveau film du surdoué Neill Blomkamp, Elysium reprend des thématiques chères au jeune réalisateur. Là où District 9 traitait habilement de l'apartheid et du racisme via le prisme de la science-fiction, Elysium s'attaque aux disparités qui peuvent exister entre les riches et le tiers-monde. Car ne nous leurrons pas, nous tous, spectateurs, vivons sur Elysium, par opposition aux habitants de la terre du film qui ne sont autres que les habitants du tiers-monde. Elysium propose ainsi une version SF et hyperbolique des inégalités riches/pauvres; c'est là d'ailleurs que réside un de ses rares défauts : contrairement à District 9 qui avait su nuancer son propos avec du bon et du mauvais dans les deux camps, Elysium est souvent trop manichéen : il y a les gentils pauvres (même le chef de gang qui gère de multiples trafics et a sûrement un paquet de mort sur les bras nous est sympathique) et les méchants riches (je considère les riches du film comme une métaphore de nous autres occidentaux : nous préférons détourner le regard de la misère du tiers monde et rester dans nos vies confortables. Ceci dit, si on avait un type mourant sur notre lieu de travail, on lui dirait pas de dégager pour éviter de salir les draps, juste parce que c'est un "sale pauvre"). Cet aspect "tout blanc ou tout noir" est un des rares points négatifs avec les quelques "instants niaiserie" qui nous mettent des ralentis et musiques déprimantes dès qu'on filme la mère et sa gamine ou un flashback. Cela étant dis, ses nombreuses qualités viennent très largement compenser tout ça. Visuellement déjà c'est une claque : l'esthétique d'Elysium est très inspirée, à la fois luxurieuse et épurée, tandis que les technologies sur terre ont un aspect cradingue et concret qui les rends vraiment crédibles et classes, à commencer par l'exosquelette : la scène de greffe est juste excellente et rappelle plus le charcutage d'un robocop que l'opération clinique de Deus Ex.
Adam Jensen, c'est une tapette à côté !
Le réalisateur filme toujours les scènes d'action avec le même talent et où transparait régulièrement son amour des jeux-vidéos, les flingues ont du punch et autant de gueule que dans District 9, les deux films pourraient d'ailleurs sans problème se dérouler dans le même univers. On y retrouve d'ailleurs la même violence trash dans les combats qui m'oblige à hurler gentiment : "AH BAH PUTAIN ! UN BLOCKBUSTER RATED-R ÇA FAIT DU BIEN !" Honnêtement j'ai le sentiment qu'on assiste ici à l'émergence de l'héritier de James Cameron, les deux premiers films de ce surdoué sont dignes de "Terminator 2" ou "Aliens" avec la maturité et la violence que Cameron a délaissé depuis au profit du grand public. Seul point noir visuel sur 1H50 de film (1H50 ? putain c'est passé tellement vite que j'ai cru qu'il durait 1H20 !), le duel final où l'action n'est pas toujours très lisible, mais toutes les autres scènes de combat sont juste monstrueusement classes. Ce qui m'amène à un autre point fort du film : si Matt Damon s'en sort honorablement avec une performance d'acteur réussie, c'est Sharlto Copley qui crève l'écran en commando badass, pourri jusqu'à la moelle. Sa gueule, ses actions, ses dialogues, sa voix, tout est mémorable, mention spéciale à la référence aux Monty Python ("It's just a flesh wound !"), en parlant de ça : n'oubliez pas de voir le film en VOST, ça vaut son pesant de cacahuètes, d'autant qu'il s'agit d'un de ces films multi-lingues où l'anglais n'est qu'une langue parmi d'autre; chaque langage étant l'illustration d'une réalité : l'espagnol pour les zones surpeuplées de Los Angeles, l'anglais universel et le français pour une certaine élite intellectuelle (me regardez pas comme ça, le français était considéré comme tel à la renaissance et continue d'être considéré comme "intello" de nos jours), ce qui nous amène à une autre raison de voir le film en VOST d'ailleurs : Jodie Foster qui excelle dans son rôle de ministre de la défense prête à tout pour préserver son utopie de toute intrusion : sa prestance de femme revêche et sa maîtrise du français donne lieu à plusieurs séquences très réussies autour de ce personnage qui intercepte les immigrés avec l'aide du docteur Daniel Jackson (tu crois qu'on t'avais pas vu sale traitre ! C'est pas parce que tu n'apparais que trois seconde que j'allais pas y faire attention salaud ! SG-1 aurait honte de toi !).
Visuellement d'autres points viennent nous en foutre plein la gueule, à commencer par les vues aériennes d'Elysium qui sont aussi saisissantes que les intérieurs classieux de cette colonie spatiale, et les technologies qu'on y trouve sont également l'occasion de nous arracher la rétine avec les dents : que ce soit les androïdes en motion-capture, les flingues aux effets dévastateurs ou encore le médifuck 3000 qui donne l'occasion d'une fantastique reconstitution faciale à vous retourner les tripes comme une crêpe en lambeaux qui aurait trop accroché à la poêle (faut que j'arrête avec mes métaphores bancales ça devient ridicule là), pour le coup il est carrément plus efficace que celui de Prometheus qui opérait des césarienne pour homme sans anesthésie et suturait le tout à l’agrafeuse.
En somme, Elysium est un excellent blockbuster de SF qui a eu les couilles d'affirmer sa violence en abordant un sujet intelligent sans pour autant oublier de divertir le spectateur avec du grand spectacle.
VincentMotte
7
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le 18 août 2013

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Vincent Motte

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