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Elysium
5.6
Elysium

Film de Neill Blomkamp (2013)

« I'm gonna have to break my promise. » MAX DA COSTA

Dans son premier long-métrage, le déjà culte District 9, le scénariste et réalisateur Neill Blomkamp ravivait le genre avec une métaphore certes pas ambigüe pour un sou, mais royalement servie par l'écriture et surtout la mise en scène, entre found-footage et style documentaire, l'approche réaliste servant le propos. Le cinéaste se prête une fois de plus à cet exercice, avec un plus gros budget cette fois-ci, et ne perd rien de son talent dans la création d'un univers, entre la Terre poisseuse et l'opulente Elysium.

D'un budget de 30.000.000$, District 9 a totalisé 210.800.000$ de bénéfices au box-office international. C'est donc tout naturellement que les producteurs ont accordés à Neill Blomkamp un budget de 100.000.000$ pour sa seconde réalisation, soit plus de trois fois le budget de son premier long-métrage.

Neill Blomkamp à l’idée d’un film sur la lutte des classes par le biais de la science-fiction pour son scénario en regardant un dessin de Syd Mead (designer américain qui a collaboré sur de nombreux films de science-fiction dont le Aliens de James Cameron) représentant une station spatiale en forme d’anneau.

Elysium sort en 2013 et place son action en 2154. La Terre est malade, polluée et surpeuplée. Les riches ont depuis longtemps déserté la planète en perdition, afin d’élire domicile sur Elysium, une station spatiale artificielle où l’air est propre et les maladies sont guéries rapidement. Max rêve de partir un jour vers ce paradis lointain. Sa vie a pourtant mal tourné et, après quelques délits mineurs, il est fiché comme criminel, à la merci des procédures répressives des forces de l’ordre. Suite à un grave accident de travail qui ne lui laisse que quelques jours à vivre, Max accepte une proposition périlleuse d’expédition clandestine vers Elysium.

Le film ne se démarque pas beaucoup de nombreux films de science-fiction à la portée sociale, un registre qui est presque devenu la norme du genre. Cela ne serait pas si grave si le scénario parvenait à se démarquer du tout-venant dans la narration, or ce n'est pas le cas. La progression organique sans réelle structure originale, comme son prédécesseur, disparaît au profit d'un récit très classique qui a le mérite de raconter quelque chose (l'immigration, la lutte des classes, l'aide médicale), mais peine à vraiment engager.

Le cinéaste essaie de donner un cœur et de l'humanité à son film avec ces quelques séquences situées dans l'enfance du héros, mais l'approche grossière et surtout la mise en image freine toute empathie. L'effort paraît sincère, mais tout de même un peu vulgaire. Le pire reste cependant toutes ces facilités dans l'écriture qui anéantissent les quelques enjeux. Pour une société censée être inaccessible, tant d'un point de vue physique que financier, on y rentre comme dans un moulin, dans cet Elysium.

Le constat est doublement dommage tant Neill Blomkamp assure toujours autant en matière d'habillage. On sent encore une fois les oripeaux de son rendez-vous manqué avec l'adaptation du jeu-vidéo Halo : Combat Evolved, notamment dans un univers assez riche, avec son fétichisme des armes hérité de James Cameron, et ses robots, porté par une direction artistique des plus classes. Les scènes se déroulant sur Terre ont ainsi été filmées à Mexico, en grande partie dans les bidonvilles, mais rappelant fortement l’esthétique de son Afrique du Sud natale.

Le film n’est donc pas le grand brûlot politique auquel il semblait aspirer, c’est tout simplement parce que sa vraie nature est bien plus bourrine. Il suffit de voir la relation simpliste au possible entre Matt Damon, qui incarne le héros, et une amie d’enfance devenue maman pour comprendre que notre histoire ne va pas trop se compliquer la vie et vite faire place à un manichéisme classique pour faire parler la poudre. Sans parler de la secrétaire à la Défense interprétée par Jodie Foster, d’un manichéisme et d’une froideur à toute épreuve.

Ce qui semble intéresser Neill Blomkamp plus que tout, c’est utiliser les possibilités offertes par son décorum de science-fiction pour lâcher les chiens et faire parler la poudre. A ce petit jeu-là, le personnage de Sharlto Copley, cabotin au possible, se pose là dans le genre méchant que rien n’arrête et le tout tourne vite à une chasse à l’homme violente et dégoulinante de sueur.

Dans sa folie guerrière, le film devient par moment limite fantastique, les personnages usant de leurs capacités surhumaines pour faire des bonds de 15 mètres ou s’adonner à des prises martiales qui font plus de dégâts aux décors qu’autre chose. La réalisation va de pair avec cette tendance régressive avec des vues subjectives façon First Person Shooter (FPS dans les jeux-vidéos). Après tout pourquoi pas, tant les bougres mettent un point d’honneur à s’en coller plein la tronche.

Elysium est parcouru de ficelles aussi grosses que sa métaphore didactique et simpliste, il fait parfois le grand écart entre sa fabrication aux petits oignons et son scénario qui a bien du mal à cacher ses failles. L’occasion de prendre le film pour ce qu’il est réellement : à savoir un film de série B qui utilise un vernis avec soin comme tremplin vers des scènes d’actions inventives et hargneuses. Elysium s’évertue à proposer un environnement travaillé pour mieux y foutre le bordel et ça lui suffit à procurer une réjouissance certaine.

Elysium a connu un succès plutôt correct avec environ 286.000.000$ de recettes mondiales, mais les bénéfices réalisés par le film sont toutefois bien en-dessous de ceux de District 9. Les producteurs deviennent frileux envers Neill Blomkamp et celui-ci est très, voir trop, critique envers lui-même :

Au final, j'ai l'impression que l'histoire n'était pas la bonne. La dimension satirique de cet anneau dans le ciel, peuplé de riches, planant au-dessus d'une terre appauvrie, est géniale. Je l'aime vraiment, tellement que j'ai presque envie d'y retourner pour le refaire correctement. Mais le scénario n'était simplement pas... Je n'ai tout bonnement pas fait un film assez bon. J'ai réalisé tout ce que j'avais à réaliser, les costumes, les décors et les effets spéciaux étaient bons. Mais en fin de compte, tout reposait sur des fondations incomplètes, parce que le script n'était pas à la hauteur, l'histoire était inachevée.
StevenBen
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Créée

le 6 août 2023

Critique lue 8 fois

Steven Benard

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