Caractéristique de la vulgarité joyeuse des années Kennedy, superbement représentée ici par un Dean Martin jouant son propre rôle (ou presque... On a immédiatement à l'esprit Gloria Swanson dans "Sunset Boulevard", pour cet exercice d'auto-dérision masochiste), "Kiss Me, Stupid" s'avère certainement la charge la plus outrée et agressive de Billy Wilder envers l'Amérique, surprenant par sa volonté de pousser systématiquement ses gags un peu trop loin, vers une étrangeté hilarante mais assez déstabilisante. Le double adultère - si choquant à l'époque, et sans doute toujours inacceptable dans l'Hollywood réactionnaire actuel -, qui permet le succès de la machination minable des deux apprentis compositeurs, tout en servant de rédemption mutuelle au couple déchiré, fait définitivement basculer la comédie burlesque vers le monde réel des adultes, et "Kiss me, Stupid" dans la liste des grands films de Wilder. [Critique écrite en 1991 et complétée en 2005]